Cinq
ans plus tard en juin 1983, c'est l'opération Manta qui permet
par la seule force de son dispositif de repousser les Libyens arrivés
aux portes de N'Djamena.
Hissène Habré, le nouveau président, bien qu'ayant
combattu les Français, fait néanmoins appel à
la France pour repousser le GUNT de Goukouni Ouedâi, ouvertement
armé et soutenu par la Libye, qui engage d'ailleurs des troupes
sur le terrain.
Alors
que la CEA du 2e REP est déjà présente à
N'Djamena pour une "tournante", la France lance l'opération
Manta. L'opération
se veut avant tout dissuasive, les Tchadiens seuls devant combattre,
tandis que la France ne doit assurer que leur logistique et n'intervenir
qu'en cas de passage du 11ème parallèle.
L'avertissement à Kadhafi est clair. Le 2ème REP participe
à l'opération Manta de novembre 1983 à mai
1984. C'est le chef de corps du 2ème REP le colonel Janvier,
qui prend également le commandement du détachement
Manta-Echo qui opère à partir de Biltine. Fort de
1026 légionnaires, le 2e REP, à l'exception de la
4e compagnie à Ati, rayonne dans les secteurs d'Arada, Abéché
et Irida. En plus des Légionnaires-parachutistes, le colonel
Janvier reçoit l'appui d'une batterie d'artillerie composée
d'obusiers HM-2 et d'un escadron d'AML-90.
En
Janvier 1984 la 3ème compagnie du Captaine Fraye, en
tournante" en R.C.A.
(République centrafricaine), rejoint le dispositif Manta-Écho.
La presse se plaira à comparer cette opération à
la situation du "désert des Tartares" où,
dans un paysage désolé, des hommes attendent un ennemi
qui existe mais ne se montre pas. Même si les postes du Tchad
ressemblent un peu à ceux de la vieille Légion au
Sahara et que la mission s'y apparente, les détachements
en place ne restent pas inactifs et sans cesse "nomadisent". À côté des vieilles "Jeep"
et GMC, les soldats disposent des moyens les plus modernes, comme
les caméras Mira des postes Milan, qui permettent le tir
mais surtout l'observation de nuit.
Les difficultés liées à des conditions de vie
plus que difficiles obligent les hommes à recourir à
des trésors d'ingéniosité et de débrouillardise. Après avoir avalé des kilomètres de poussière,
le "béret vert" trouvera toujours une "popote"
où il pourra déguster la fameuse bière tchadienne
"la GALA".
Tous
les journalistes ou civils qui sont passés par le Tchad ont
entendu parler du père Lallemand du 2e REP, qui a consacré
une partie de sa vie aux Tchadiens. Devenu aumônier des armées
tchadiennes, il n'hésite pas, en plein pays musulman, à
parcourir seul en "Jeep" des milliers de kilomètres
pour célébrer le culte.
Kadhafi et ses alliés, après quelque reconnaissances
sur le 16e parallèle ne rechercheront pas l'affrontement
direct avec les forces françaises. Après six mois
passés sur le terrain, le 2e REP reprend le chemin de Calvi.
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