Le
mensuel d'actualités de la Légion Etrangère
Fort
de Nogent 26 avril 2003
Remise
des insignes de Grand Officier de la Légion
d''Honneur Au
Commandant Helie de Noix de Saint-Marc Allocution
prononcée par le Général (2S) Michel Guignon
Comme
la plupart de ceux qui vous entourent aujourd'hui, j'ai lu vos œuvres
complètes; je les ai lus avec intérêt, avec
émotion, avec passion, parfois la rage au ventre... Mais
ce n'est pas faire injure à l'écrivain que vous êtes
que de dire qu'en lisant les pages de cette ample tragédie,
que vous avez décrite et expliquée avec talent, on
a rarement envie de sourire.
Pourtant il m'est arrivé de rire au moins une fois en vous
lisant, c'est lorsque vous parlez des Anciens. Dans "Les
champs de braise", lorsque vous parlez des anciens, vous
écrivez à leur sujet: "quel romancier pourrait
écrire l'histoire de ces vieux messieurs déplumés,
tassés par les ans, accompagnés de dames dignesé".
La première fois que j'ai lu ces lignes, il y a relativement
longtemps, j'étais encore en activité, bien sûr
je n'étais plus un jeune coq, encore moins un poulet de l'année,
mais j'avais l'illusion du plumage que confère l'uniforme
et j'ai rigolé de bon cœur en disant: "Voilà
des copains qui sont bien habillés pour l'hiver".
Il y a quelques jours, lorsque j'ai relu ce passage, j'ai souri
à nouveau... mais un peu plus jaune cette fois, car j'ai
mesuré que le temps avait fait son œuvre et que j'avais
rejoint, moi aussi, la corporation des déplumés...
Me voici donc, déplumé parmi d'autres, au milieu de
tous ces braves à trois poils. . . ou trois plumes. . . et
en quelque sorte mandaté par eux pour faire résonner
le tam-tam de la tribu, pour exprimer notre admiration, notre attachement,
notre fidélité à celui d'entre nous qui, homme
de plume mais surtout homme de guerre et par dessus tout homme d'honneur
est, de toute façon, plume ou pas plume, le grand Sachem
de notre clan.
Ceci posé, même si je l'ai fait sur un ton volontairement
badin, c'est à dessein que j'ai voulu débuter mon
propos par une référence aux Anciens et, si vous le
permettez mon commandant, c'est d'abord à eux que je voudrais
m'adresser... peut-être un peu plus sérieusement.
Mes Anciens, je n'ignore pas que beaucoup, parmi vous, par leur
âge, leur ancienneté, leurs campagnes, leur passé
militaire, leurs titres de gloire, seraient autant et même
plus dignes que moi de remettre aujourd'hui cette plaque de Grand
Officier de la Légion d'Honneur au Commandant de Saint-Marc.
Le destin en a décidé autrement. .. mais étant
désormais, au milieu de vous, un Ancien parmi d'autres, je
tiens à dire solennellement avant toute chose que c'est en
votre nom, les Anciens, que j'ai officié aujourd'hui.
Durant
toute ma vie militaire je me suis efforcé de rester fidèle
au lieutenant du 1 REP que j'étais. Mon Commandant, aujourd'hui,
c'est un lieutenant du 1 REP qui, au milieu de ses Pairs, s'adresse
à vous.
Ce qui me permet d'ailleurs de renouer avec les traditions d'impertinence
qui caractérisaient les lieutenants de ce régiment.
Que de fois, insolents et goguenards, avons nous repris cette formule
qui faisait florès dans nos popotes: "Dans l'Année,
on est toujours récompensé en la personne de ses chefs".
Et bien oui! Mon Commandant, aujourd'hui nous pouvons dire avec
la plus grande conviction, et pour une fois sérieusement:
cette récompense, votre récompense, c'est aussi notre
récompense.
C'est notre récompense, car elle vous a été
attribuée au titre de la guerre d'Algérie, le journal
Officiel du 30 novembre dernier le stipule clairement. Et ce point,
capital à nos yeux, prend un relief particulier, pour vous
bien entendu, mais aussi pour tous ceux d'entre nous qui ont vécu
le drame algérien.
Bien sûr, on pourrait épiloguer sur l'étrangeté
d'une époque où les mêmes causes peuvent vous
embastiller pendant 7 ans et vous élever ensuite parmi les
dignitaires du Pays.. Je ne sombrerai pas dans cette sorte de délectation
morose mais je voudrais quand même, aujourd'hui, rappeler
quelques faits d'Histoire qu' on s'est efforcé d'occulter
pendant quarante années.
Il
y a un peu plus de quarante ans, après huit années
de guerre où nos deux REP avaient porté et supporté
les coups les plus rudes, la France, qui avait remporté sur
le terrain une victoire militaire indiscutable, abandonnait l'Algérie
dans les pires conditions qui soient, jetant sur les quais de l'exode
un million de pieds noir, livrant aux exactions du FLN des centaines
de milliers de musulmans qui lui avaient été fidèles:
anciens combattants, harkis, tirailleurs, moghaznis, massacrés,
égorgés, éventrés, ébouillantés,
émasculés, pour avoir servi la France.
Avant que ne se produise l'irrémédiable, quelques
hommes d'honneur se sont dressés pour crier leur désarroi,
leur refus du parjure, leur fidélité aux engagements
du pays.
Vous
étiez l'un deux, vous étiez notre chef; le 1REP vous
a suivi comme un seul homme.
Vous avez perdu, vous avez assumé seul l'entière responsabilité
de vos actes, préservant ainsi,votre honneur et également
la liberté de vos officiers.
Ce faisant vous avez payé le prix fort. Ce faisant, vous
avez enduré plus que tout autre l'injustice des hommes, la
calomnie des scribes, la veulerie des notables, la trahison des
clercs.
En évoquant ces heures douloureuses, je ne veux pas rouvrir
des polémiques ou raviver des
plaies mais quand même, on ne peut oublier que, pendant des
années, selon votre expression,
les vainqueurs du moment ont imposé leur vérité
sans craindre les outrances.
Comment oublier en effet ces régiments couverts de gloire
dissous d'un trait de plume? Ces officiers arrêtés,
interrogés sans ménagement, mutés et dispersés
sans préavis aux quatre coins de l' hexagone? Ces carrières
brisées sur simple dénonciation? L'unité de
l'Année malmenée?
Comment oublier ces articles à sens unique, présentant
l'élite de l'Armée française comme un ramassis
de tortionnaires sans foi ni loi?
Comment oublier même ces brimades stupides et mesquines qui
avaient cours dans les années 60 : défense pour les
parachutistes de porter leur tenue camouflée, refus de faire
défiler la Légion Etrangère sur les Champs-Elysées
pour la fête nationale.
Comme
souvent hélas en pareil cas, la surenchère des médiocres
contribuait à mettre au banc de la Nation ceux de ses fils
qui s' étaient le plus battu pour elle.
Et
bien, la distinction qui vous honore aujourd'hui, pour tardive qu'elle
soit, marque je crois la volonté de la République
Française, dans un souci louable de réconciliation
de tirer définitivement un trait sur cette période
lamentable de son histoire.
Pour
ceux qui ont été vos soldats, pour ceux qui ont souffert
pour vous et avec vous, cette distinction marque, nous l' espérons, la fin du sectarisme,
de l'ostracisme, de l'esprit partisan qui ont prévalu pendant tant' d'années.
Voilà pourquoi, je le disais au début, la Dignité
qui vous est conférée aujourd'hui est aussi la Dignité de tous ceux qui vous ont été fidèles.
Et
puisque j'ai l'insigne privilège de m'exprimer en leur nom,
permettez-moi, mon Commandant d'élargir le cercle des Anciens
dont je parlais à l'instant et, en vous accueillant parmi
les dignitaires de l'ordre, d'y accueillir aussi tous ceux qui,
pendant vingt ans, ont été vos compagnons de route
sur les chemins de l'Honneur.
C'est pourquoi, en vous recevant aujourd'hui, j'accueille aussi
vos camarades résistants du réseau Jade Amicol avec
qui, à peine sorti de l'adolescence, vous avez fait vos premières
années contre l'occupant nazi.
J'accueille
ce mineur letton anonyme, votre camarade de déportation,
qui, dans le tunnel de Langenstein vous a aidé à survivre
en partageant avec vous le fruit de ses rapines.
J'accueille tous les preux d'Indochine au côté desquels
vous vous êtes battu:
Raffalli, Hamacek, Lecoeur bien sûr; mais aussi l' Adjudant
Bonnin et ses seize citations, mort sur la route d'Hoa-Binh ; mais
aussi l'Adjudant Tang et vos partisans de Ta lung ; mais aussi vos
parachutistes vietnamiens de la 2éme. CIPLE, ceux de Ngllia
Loh et de Na Sam.
J'accueille
Klimovitz et Lombardero
J'accueille
ces Anciens du Frente Popular, de la Weclunacht, ces rescapés
de Budapest, ces exilés du rideau de fer, tous ces hommes
sans nom qui sont venus des quatre coins du monde se battre avec
nous dans les rangs des BEP et des REP. Ils vous ont suivi jusqu'au
bout; qu'ils reçoivent aujourd'hui avec vous l'hommage qu'ils
méritent.
Et pour clore la longue théorie de ceux qui ont lutté
et souffert avec vous, je rappellerai cet épisode tragique
de la guerre d'Algérie que vous citez dans les "champs
de braise" et que j'ai relu, il y a peu, le cœur serré.
A Mostaganem le FLN avait, à neuf reprises, assassiné
le porte drapeau des Anciens Combattants musulmans... Dix fois un
volontaire s'est levé pour prendre la place.
En cette année 2003 qui est, paraît-il, l'année
de l'Algérie, personne, je le crains, n'évoquera la
mémoire de ces dix braves. Et bien nous, Légionnaires
accueillons les parmi nous, qu'ils viennent rejoindre notre confrérie,
qu'ils soient élevés avec vous à la dignité
suprême, ils sont de notre trempe, ils sont de notre sang,
à eux seuls, mon Commandant, ils expliquent votre engagement.
Honneur à eux! Honneur à vous qui les avez compris
et défendus!
Mon Commandant, ce retour sur le passé m'a rendu plus sérieux
et plus grave que je ne l'aurais souhaité, alors que cette
journée, qui est une réunion de famille est avant
tout un moment de fierté et de grande joie. C'est pourquoi,
en terminant, je voudrais nous ramener vers la joie. Et je le ferai
en m'adressant à Manette qui l'a, si souvent, incarnée
pour vous.
Dans
votre œuvre littéraire, qui retrace votre parcours,
les femmes en général et Manette en particulier représentent
toujours ce rayon de soleil qui éclaire et illumine les pages
les plus sombres. Sur Manette vous avez écrit des lignes
merveilleuses, et pleines de poésie. Je n'en citerai qu'
une mais elle les résume toutes et pourrait être le
dernier vers d'un beau poème d'amour.
De Manette vous dîtes en effet: "Elle a toujours gardé
dans la tourmente son bel habit de gaieté". Et bien
sur ce bel habit là, je voudrais épingler aussi la
décoration que je vous ai remise aujourd'hui, tant Manette
mérite de la partager avec vous. En tout cas, et ce sera
mon dernier geste, au nom de toute cette assemblée, je donnerai
à Manette l'accolade symbolique des membres de l'Ordre qui
sera le témoignage de l'admiration et de l'affection fidèle
que tous, ici, nous lui portons.
Le
22 Juillet 2003 notre camarade l'ancien sergent-chef Orfanotti,
ancien des Bep et du 1er Rep a été fait Chevalier
de la Légion d'Honneur
Félicitations
l'Ancien
Le
28 Aout 2003, le major Jorand était fait "chevalier
de la Légion d'honneur". Le major a fait une grande
partie de sa carrière au 2ème REP et prend également
une retraite bien méritée après avoir passé
35 ans dans la Légion Etrangère
Jorand,
Tchad 1969-1970
Félicitations
l'Ancien et bonne retraite
Le
Général Soubirou nous quitte après quarante
ans d'une vie de soldat, d'une vie de Légionnaire et de
parachutiste. Quarante ans d'une vie de chef militaire et d'officier
de Légion
1967
2ème REP, 2ème Compagnie
-
1976
2ème REP, LIbère les otages de Loyada en Somalie,
cité a l'ordre de la division. - 1984, 2ème REP cité une nouvelle fois lors de l'opération
Manta au Tchad - Colonel
du 2ème Régiment Etranger D'Infanterie - Opération
"requin" (Gabon), au 2ème Etranger d'infanterie
- 1993
nommé Général de brigade le 1er décembre
1993 a Saravejo (Yougoslavie) Pris sous le feu a plusieurs reprises, cité une nouvelle fois a l'Ordre de l'Armée. -
1996
Général Commandant la 11 ème Division Parachutiste Au
revoir mon Général
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