
Le
1er BEP embarque le 24 octobre 1948 à Mers-El-Kébir sur
le Pasteur Après une traversée monotone déjà
routinière pour beaucoups par Suez, Bombay, Ceylan, le cap Saint-Jacques
et la baie d'Along, le bataillon débarque à Haïphong.
A peine mis à terre, il est dissocié. La 1ère compagnie
est acheminée vers Haï-Duong, où elle participe a des
nettoyages de secteur. La base arrière et la CCB du bataillon s'installent
à Gia-Lam, un aérodrome de Hanoï , tandis que la 2e
compagnie s'établit a Langson. La "3" est à
Loung-Bo. Peu de temps après, la 1ère compagnie abandonne
Haï-Du ,occupe Xuan-Maï. Au cours de ces operations d'accoutumance,
le 1 er BEP relève des unitées en place, nettoie des zones
suspectes et,Légion oblige bâtit des postes. Généralement
placés au centre d'un espace découvert favorisant les plans
de feux, les postes du BEP sont construits avec des matériaux locaux
et à mains nues avec les coolies. Tout en menant ces travaux, les
légionnaires-parachutistes assurent des missions opérationelles
dans le quartier du futur poste. C'est au cours de celles-ci que tombe
le premier officier du bataillon.
Le
8 décembre 1948, le bataillon opère dans Ie secteur de Xuan-Maï
et de Yen-Tinh. Un groupement aux ordres du capitaine Jeanpierre, comprenant
la 3e compagnies ratissent en parallèle avec un bataillIon marocain
les rizières aux abords du village de Yen-Tinh. La section du sous-lieutenant
de Chabot est en tête du groupement. C'est sa première mission
opérationnelle. Quelques kilomètres carrés de boue
,entrecoupés de diguettes et de canaux et à l'ouest, les
calcaires boisés et déchirés d'où les viets
descendent pour effectuer des coups de main sur les villages. Limites
de zone un affluent du fleuve Rouge et la RC 6. Le Capitaine Jeanpierre
a adopté le dispositif suivant ,section Hippert à droite,
Lepage au centre, et le sous-Lieutenant Chabot a gauche légerement
en avant. Soudain, les viets ouvrent le feu. Les hommes de l'eau jusqu'à
la poitrine, sont à découvert sur ce billard. Les premières
rafales de mitrailleuses ponctuées des coups sourds des mortiers
de 60 mm sont heureusement mal ajustées. Réagissant instantané
ment, Chabot commande l'assaut. Suivi de son radio PIM (prisonnier interné
militaire) et de ses volontaires, le sous-lieutenant fonce vers le village,
dans une véritable boule de feu. Surpris, les viets décrochent.
un seul légionnaire a été touché. Aussitôt
la section fouille les "canhas". Seuls quelques femmes et enfants
demeurent. Le sous-lieutenant passe un portique donnant sur la rivière. A 50 mètres un "rach". Il observe
à la jumelle, quand une mitrailleue se dévoile. Une longue
rafale, à cette distance, elle ne pardonne pas. Le sous-lieutenant
de Chabot roule, foudroyé.
Jusqu'au mois de mars 1949, le BEP tient les postes qu'il a construits
et dont certains sont à peine terminés lorsqu'il reçoit
l'ordre de rejoindre Gia-Lam. Le secteur fourmille de viets qu'il faut
traquer pour empêcher les sabotages des installations aéronautiques
et même des avions. Cependant, une section d'intervention est toujours
prête à embarquer. Les Légionnaires préparent
la commémoration de Camerone,
quand, le 29 avril au soir, une section de la 3e compagnie reçoit
l'ordre tant attendu. C'est le premier "saut opérationnel"
d'une unité du bataillon. La section est larguée sur
le poste de Chawâi qui est encerclé. Les trois Européens
et les partisans qui résistent avec l'énergie du désespoir
accueillent avec reconnaissance ces légionnaires venus du ciel.
Au bout de quatre ou cinq jours de patrouilles et d'embuscades, un goum
rapatrie la section sur Vietri d'où elle rejoint Gia-Lam.
Pendant
ce temps, le bataillon a été placé "en alerte
aéroportée immédiate". L'opération, scindée
en deux parties : Pomone 1 et 2, placée sous la responsabilité
du colonel Carbonel, doit permettre la destruction du Vietminh dans une
zone comprise entre le fleuve rouge et le rivière Claire, sur
une ligne Hi-Chi-Phulo-Ha-Tach. Le 1er BEP reçoit la msission de
tenir le secteur entre Phu-Lo et la rivière Claire: il doit couper
le retraite des rebelles vers le Nord .
Le
29 avril, le bataillon renforcé de la 7e compagnie du 2/1er RCP
et d'une section du génie parachutiste est largué en deux
vagues. Quelques hommes "se cassent" sur la zone de saut et
Mai sont immédiatement évacués par avion sanitaire.
La 3e compagnie doit tenir Lo-Chi, tandis que la 1ère compagnie
et les parachutistes du 1er RCP occupent le carrefour de la RC 2 et les
crêtes avoisinantes. Les villages sont abandonnés et, si
on distingue la trace des viets, ceux-ci évitent Mai t l'affrontement.
Le médecin-capitaine Bonnel, médecin-chef du groupement
léger aéroporté (GLAP) a sauté avec le bataillon
dépourvu de "toubib" a ce moment là. Malheureusement
il s'est fracturé le "fémur" a l'atterrrisage.
Immédiatement,
le médecin-colonel Bizien qui était en tournée d'inspection
se propose de remplir les fonctions de médecin de l'opération
et saute sur le P.C du bataillon. Le 30 avril, Camerone opérationnel
, la "3" fouille la boucle de la rivière Clai Kim-Day,
et la "1ère Cie" fait de même à Lo-Chi
en ratissant le terrain, le groupement para fait mouvement sur Vietri,
où il franchit le fleuve Rouge le 3 mai ; puis à Chien-Dong,
il embarque sur un convoi qui fait mouvement sur Hanoï première
phase de Pomone est terminée. Plus importante, la deuxième
phase se déclenche le 7 mai 1949. Le saut s'effectue dans la région
de Lang-Dam - Ngoc-Chuc et se passe sans incident notable Le 8, le bataillon fait sa jonction avec des éléments
du 8e Spahis et du 10e Tabor. Le 9 Mai en fouillant la rive gauche du
Song-Chay, les légionnaires-parachutistes découvrent un
important centre logistique vietminh. A Cao-Soc, ils découvrent
un atelier de fabrication d'obus de mortier, et grenades. Ce jour-là,
les paras portent un rude coup à l'infrastructure vietminh de la
région du nord-est. Le 11 mai, le GLAP fait mouvement sur Tuyen•Quang
Ville symbole pour les légionnaires parachutistes Tuyen-Quang est
atteinte le 12 mai. La ville, florissante, est en ruine et abandonnée
de ses habitants. Partout des traces des viets. Du sanitaire récent
est récupéré et attribué au colonel Bizien,
qui a tenu à poursuivre avec le BEP. Comme ses aînés
de 1884, le Bataillon s'installe en défensive dans le périmètre
de la ville Délaissant l'antique citadelle chargée de glorieux
souvenirs, il creuse ses emplacements de combat entre l'église
et la rivière Claire. A 19H30, les Viets, saluent le retour de
la Légion par un tir nourri qui fait une dizaine de blessés
chez les légionnaires.

Le lendemain, un parachutage déclenche un nouveau tir contre les
avion sur la zone de largage. Utilisant Tuyen-Quang comme base avancée,
du 14 au 17 mai, le BEP ratisse la région avoisinante sur une profondeur
d'une dizaine de kilomètres, récupérant quelques
fusils, mais perdant encore des blessés qui seront évacués
sur Hanoï.
En patrouille, le légionnaire marche le plus souvent l'oeil rivé
au sol, recherchant les pièges, qui encombrent les pistes et leurs
abords.Les pièges multiples vont de la "planchette cloutée
à tigre", en passant par la boule hérissée de
piquants et de bambous acérés. Les mines, le plus souvent
de fabrication locale, ont un pouvoir de destruction relativement faible,
mais bien suffisant pour des blessures définitives aux malheureux
victimes. Quant aux pièges, les horribles mutilations qu'ils provoquent,
dans une souffrance intenable, sont la hantise des combattants. La pomulation
constitue une autre source de danger. Dans le Delta du fleuve Rouge ou
dans les vallées rizicoles, les hameaux se touchent presque :
guère pius d'un kilomètre d'espacement. Ils sont ceinturés
d'une haie de hambous serrés. presques infranchissables, hormis
par ou deux portiques comme celui où est tombé le sous-lieutenant
de Chabot. Les villages rebelles, toujours déserts lors des opérations
connues longtemps a l'avance des viets, sont protégés par
des pièges et les mines. Ils se trouvent le plus souvent sur les
premiers contreforts des calcaires, là où le repli est facilité.
Ceux de la plaine ressemblent à de véritables taupinières
et les viets ont beau jeu de fuir par un réseau de galeries souterraines
qui débouchent loin de la rizière, à l'abri des regards
indiscrets, dans la forêt dense. Quand le village est au travail
en principe tout va bien, mais quand il ne reste que
les femmes les enfants et les vieillards, c'est un signe qui ne trompe
pas : l'embuscade n'est pas loin ; en général elle est meurtrière.....
Le 18 mai 1949, le GLAP, 1 er BEP en pointe, atteint Phu-Yen où
il cantonne. Au cours d'une brève cérémonie le colonel Carbonel remet la croix de guerre des T.O. E au médecin-colonel
Bizien et à trois légionnaires. Le 19, le 1er BEP reçoit
l'ordre de fouiller la région nord-ouest de Phu-Yen, où
se trouveraient des "ateliers viets". II part dans l'après-midi
même. Les renseignements recueillis en cours de progression, l'amènent
à pied d'oeuvre près d'un groupe de batiments, qui camouflent
une fabrique d'armement. Un groupe parti en reconnaissance surprend quatre
viets en train d'en piéger les accès. Les légionnaires
en tuent et en capturent un autre qui fournit des renseignements très
importants sur les activités du Vietminh dans ce secteur.
Le 20 mai, dans la vallée du Song-Chay, le bataillon découvre
l'usine de guerre du TD 20. Dans cette usine, les viets fabriquaient des
machines-outils, des obus de 120 mm, des mortiers de 60mm et des grenades.
La fouille se poursuit toute la journée et permet de mettre à
jour un important matériel dont 38 mortiers neufs, 15 tours, 15
dynamos et leurs alternateurs, des enclumes, des caisses d'outils,environ
1300 corps d'obus et une machine à vapeur de 600 chevaux qui alimente
l'usine en énergie.
Le 21 mai,une reconnaissance du côté de Dong-No met en fuite
une douzaine de viets, tandis qu'une autre, sur le Song-Chay, permet de
saisir une vingtaine de sampans. Dans l'après-midi, le bataillon
regagne Phu-Yen, après avoir détruit le matériel,
ramenant toutefois les mortiers et les sampans.
A partir du 22, le BEP fait mouvement vers Phu-Doan et franchit le Song-Chay.
Le 24, il descend la rivière avec pour mission de protéger
les éléments dont l'antenne chirurgicale installée
sur un L.C.T. Les 25 et 26 mai, la progression est émaillée
d'accrochages qui font plusieurs blessés au bataillon. Le 27 une
DZ est aménagée près de Ha-Giap. protégée
par la 1ère compagnie qui essuie un tir violent t de la part des
rebelles dont la DCA gêne approche des avions.
Dès
le lendemain, le Bep en tête, le GLAP marche en direction de
Vietri atteint le 29 mai dans la soirée. Pomone, terminée
le 1er BEP regagne Gia-Lam pour une période de remise en condition
et une première restructurations. II s'étoffe de la Compagnie-Parachutiste du
lieutenant Morin qui est versée en bloc au bataillon. Ce dernier
bénéficie ainsi de l'expérience de ses cadres et
légionnaires et de leur connaissance du terrain, cette haute région
du Tonkin qui semble appelée à devenir l'enjeu des combats
prochains.
Comme le 30 avril et le 8 mai, le 1 er BEP fête le 14 Juillet 1949
sur le terrain. Des renseignements signalent le village de Dinh-Ban, à
7 kilomètres de Gia-Lam, comme un repaire vietminh. Le bataillon
doit le nettoyer. L'encerclement est réalisé de nuit. Au
petit jour, les premiers éléments voulant pénétrer
dans le bourg sont accueillis par un déluge de fer et de feu qui
tue 5 légionnaires et en blesse 14 en une demi-heure. Les lisières
sont occupées, mais à l'intérieur, les blockhaus
camouflés interdisent toute progression. Bloquant le canal des
Rapides, le BEP intercepte les fuyards, après que l'aviation et
l'artillerie aient traité le village.
Un mois plus tard, le 18 août, le bataillon saute près de
Vinh-Yen. Dès leur arrivée au sol, les légionnaires
sont accueillis par des coups de feu. Se déployant immédiatement,
les unités occupent les collines, puis s'avancent vers le canal
qui irrigue les rizières. La 3e compagnie qui progresse en tête
est bloquée par des coups de feu tirés à 300 mètres.
Les tubes de 81 fixent l'embuscade alors que les autres compagnies, débordant
largement, se portent à la hauteur des positions ennemies. Les
viets sont décimés, certains essayent de franchir le canal.
Tous les hommes et presque toutes les armes y restent, les survivants
sont faits prisonniers. Le régiment "rivière Claire"
que le 1er BEP a déjà rencontré à
plusieurs reprises, vient de perdre encore une compagnie. Au mois d'octobre,
le bataillon participe à l'opération "Thérèse".
II saute près de Loung-Phaï le 14 pour une mission de protection
éloignée d'un important convoi qui doit partir le

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