Le
colonel
Jeanpierre est né à Belfort le 14 mars 1912. A cette époque,
le souvenir de Denfert-Rochereau est vivace et le jeune Jeanpierre grandit
à l'ombre du "Lion". II connaît tous les recoins
de la citadelle et n'a qu'une envie devenir soldat, officier bien sûr
!
Son
père, officier d'active et saint-cyrien l'encourage dans cette
voie. Mais pour le jeune homme au caractère déjà
bien trempé et avide d'action, cette filière apparaît
trop lente. Le 1er septembre 1930, il s'engage. Cinq ans plus tard, il
est admis à l'école militaire de l'infanterie et des chars
de combat à Saint-Maixent II en sort sous-lieutenant et grâce
à son excellent classement il choisira "la Légion".
Le
15 mai 1937, il se présente à Sidi-Bel-Abbès. II
ne quittera plus la Légion.
Le 16 avril 1939, il est désigné pour servir au Levant où
il gagne sa première citation à l'ordre de la division.
En 1 941, au sein d u 6e R EI où sert également le lieutenant
Segrétain, autre figure légendaire des légionnaires
parachutistes, il assiste, impuissant, au drame de l'affrontement franco-français
en Syrie puis, en congé d'armistice, il rejoint la France llbre
et prend une part active à l'action de la Résistance, ce
qui lui vaut la croix de chevalier de la Légion d'honneur, une
citation à l'ordre de l'armée, la médaille de la
Résistance, mais aussi d'être déporté au camp
de concentration de Mauthausen où il subit les effets de la misère
physiologique. ll en réchappe de justesse....
A
sa libération , il est nommé capitaine et se voit chargé du poste
de recrutement de Kehl. Une tâche moralement difficile pour l'ancien
déporté qu'il est, mais dont il s'acquitte à la perfection, sans
haine et sans ressentiment. Refoulant sans pitié les SS fanatiques
et les tortionnaires nazis qui cherchent à échapper à un juste châtiment,
il enrôle sous la grenade à sept flammes les magnifiques guerriers
germains du front de l'Est ou les Failschirmjâger de Cassino qui
formeront l'ossature de la Légion en Indochine aux côtés des proscrits
et des laissés pour compte de la Deuxième Guerre mondiale.
Enfin, un jour de juillet1948, dans la forêt de Khamisis, curieux
de cette nouvelle arme des parachutistes pour laquelle il entrevoit d'immenses
possibilités, il rencontre le 1er REP
"Une
légende naît"
Jeanpierre sera presque de tous les combats, de tous les coups durs. Point
n'est besoin de rappeler ici l'extraordinaire épopée de
la RC 4 et la tragédie des calcaires de Coc-Xa en octobre 1950.
Rapatrié en novembre 1950, il est nommé chef de bataillon
en janvier 1951 et prend le commandement du 2ème REI à Mascara.
Au cours de son séjour en Indochine, il a été cité
deux fois à l'ordre de l'armée et promu officier de la Légion
d'honneur. Après l'holocauste de Dien-Bien-Phu, il I
participe immédiatement aux opérations de "maintien
de l'ordre" dans les Aurès et les Nementchas. Son action
à la tête du 1er BEP lui vaut une nouvelle citation à
l'ordre de l'armée.
En
septembre 1955, 1er BEP devient le 1er REP et Jean pierre, qui s'est donné
corps et âme à sa tâche, ressent une véritable
frustration quand il voit le lieutenant-colonel Brothier prendre la tête
du nouveau régiment. Mais un an plus tard, son voeu le plus cher
se réalise : le 23 mars 1957, il est nommé à la tête
du 1er REP en pleine bataille d'Alger. L'outil qu'il a créé,
peaufiné, va écrire sous son commandement les plus belles
pages de la guerre d'Algérie.
Admiré
par ses subordonnés et ses légionnaires, son intransigeance
et la rigueur de son commandement lui valent auprès de ses pairs
des deux divisions parachutistes la réputation de former de parfaites
mécaniques de combat faites pour tuer ou être tués.
Jeanpierre n'en a cure et, à son poste, il donne toute sa mesure,
jusqu'en ce 29 mai 1958, quand le destin prend la forme d'une mitrailleuse
de 30. La réaction des légionnaires pour venger le "patron",
démontre, si besoin était, tout le respect
et l'affection qu'ils témoignaient à leur chef.
"
Soleil est mort "
Si
les franchissements de la frontière ont diminué, la source,
elle, n'est pas tarie, et le 1er REP continue la chasse aux "fells".
Pendant
tout le mois de mai, les parachutistes maintiennent leur pression et,
à la fin du mois, le 1er REP s'emploie à pourchasser dans
la région de Guelma des bandes installées dans le secteur
en receuil des franchissements. C'est au cours de l'une de ces opérations
que le Lieutenant-Colonel Jean-Pierre trouve la mort .
Le 29 mai 1958,le régiment procède à un ratissage
du djebel Taya, au sud-ouest de Guelma. Dans la matinée, la fouille
du djebel Mermera, couvert de végétation touffue, ne donne
rien. Mais à14 heuresune résistance sérieuse se dévoile,
obligeant la compagnie accrochée à manoeuvrer. Le lieutenant-colonel
Jeanpierre faitdonner l'artillerie sur la pente sud du Mermera. Puis, dans son Alouette PC, il vient a plusieurs reprises
selon son habitude au plus près des unités , pour essayer
de repérer l'ennemi, dans le fouilis qu'il survole .
L'équipage
de l'appareil est composé du maréchal des Logis chef Descamps, un survivant de Dien-Bien-Phu avec qui Jeanpierre aime travailler,
et le maréchal des logis Kolsh mécanicien.
Vers
14 heures, a 100 mètres de la 2ème Compagnie Jeanpierre
aperçoit enfin quelques fumées, il transmet la position, puis Descamps se dirige vers elle droit pour la baliser. Au même
moment une rafale d'arme automatique retentit.
Une
balle coupe le circuit d'alimentation du moteur qui change de régime, puis s'arrête. L'appareil s'écrase dans la montagne tuant
le pilote, le mécanicien et le "patron" du 1er REP
mort sur le coup. Les légionnaires ont compris et se précipitent
vers les lieux du drame. Mais personne ne peut rien pour les occupants.
"Toutes
les radios se mettent à crépiter" "Soleil est mort"
Rendus enragés par la mort de leur chef, les légionnaires
de la 2ème compagnie ne font pas de quartier: sous le soleil du
djebel, 90 cadavres de HLL, gisent victimes de leur succès ignoré
comme en témoignent les déclarations du rebelle Abdelkader
Ben Ahmed capturé le 30 mai 1958 au djebel Mermera, douar Bouhamdane:
"Au djebel Mermera nous disposions de l'armement suivant: une mitrailleuse
de 30 et des fusils de guerre. C'est tout au moins l'armement que j'ai
vu, mais je dois vous signaler qu'il y avait des moudjahidin assez loin
de moi. Je peux cependant affirmer qu'il avait n'y avait qu'une seule
pièce : la mitrailleuse de 30.
Le
chef de "nahia" Ben-Mostefa était armé d'un fusil
Mauser qu'il a remis au serveur de la mitrailleuse de 30 pour s'emparer
de celle-ci. Je dois d'ailleurs vous Signaler qu'avec cette mitrailleuse,
Ben Mostefa a abattu un hélicoptère qui s'est écrasé
au sol.
Cet appareile est tombé à 300 mètres environ de l'endroit
où nous étions, mais nous n'avons pas essayé d'aller
voir si les occupants avaient été tués ou non.
Le 31 mai, en présence du général de Gaulle,
chef
du gouvernement, un suprême hommage est rendu au colonel Jean pierre
à Guelma. Celui qui personnifiait le 1er RE P rejoint la cohorte
funèbre des 111 légionnaires de son régiment tombés
pendant ces quatre mois de combat. 1275 HLL mis hors de combat, 1100 armes,
dont 92 mitrailleuses témoignent de l'efficacité des légionnaires
parachutistes.
Le
lieutenant-colonel Jeanpierre est élevé à la dignité
de "grand officier de la Légion d'honneur à titre
posthume ; le commandant Morin, prend le commandement temporaire du régiment
en attendant l'arrivée du colonel Brothier qui retrouve le régiment
dans des conditions difficiles. Durant l'été et le début
de l'automne, le régiment est morcelé et ses unités
interviennent un peu partout dans l'Algérois et le Constantinois.
Des détachements assurent également à plusieurs reprises le maintien
de l'ordre à Alger, notamment au mois de septembre lors du référendum
sur la constitution.
Textes
Pierre Dufour .

Photos
envoyées par

Déces
du Colonel Jeanpierre.
Lieutenant-colonel
Jeanpierre.
A
Guelma les derniers adieux du Général Gilles
Dernier
Hommage
Devant
10.000 personnes le Général Gilles prononce l'éloge
du disparu
Le
1er REP "rend les Honneurs"

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