.
La rubrique
est le "cordon ombilical" qui relie le Webmaster de ce site
et les Anciens Paras-Légion. Si vous voulez être régulièrement informés
des nouveautés du site, je vous recommande donc de toujours commencer
la visite du site par cette page
régulièrement mise a jour qui vous tiendra au courant des dernières infos.
.
Enfin
pour fêter la fermeture du site
l'histoire
de Valentine
"Le
coup du chemin de fer"
Je
l'avais retrouvée dans une maison close la rue de Chartres à
Alger. Bordelaise noiraude prénommée Dolly, elle était
restée dans mon souvenir pour avoir fait les baux soirs du quartier
réservé d'Oran. Elle adorait danser la java et elle savait
la boucler quand je n'avais pas envie de lui causer .
Ces
deux qualités rares m'avaient fait aimer sa compagnie. Mais lorsque
je lui annonçais mon départ elle se dépara de son
habituelle réserve
- Dis donc, chéri, puisque tu quittes la Légion tu peux
parler maintenant. Fais-moi plaisir, raconte la Légion, c'est quoi?
Goguenard, je la dévisageai en m'étonnant que ses stages
dans les boîtes Algériennes ne lui aient donné de
la chose une opinion avertie. Je m'apprétais à lui répondre
par quelque banalité lorsque l'idée me vint de lui conter
une histoire qui collerait superbement avec le décor de nos retrouvailles
,l'estaminet rouge et or d'un patio des Mille e Nuits où des filles
en slips butinaient, de groupes en groupes, sans hésitation au
milieu de Légionnaires égrillards
Me faisant face, assise de l'autre côté du guéridon,
sage comme une femme nue ,assurée de sa soirée, Dolly m'observe,
le menton calé sur ses poings fermés, attendant je ne sais
quelle réponse
- La Légion .....?
C'est
comme le coup du chemin de fer!
- Ah!
Une courte hésitation et Dolly, intriguée, un éclaircissement
Et
le coup du chemin de fer
qu'est-ce
que c'est?
Le
coup du chemin de fer
c'est une apologie d'un récit qui, sans avoir l'air d'y toucher,
comporte une fin morale
Une longue mais édifiante histoire qui répond à ton
indiscrète question sur la Légion.
-écoute et fais-en ton profit
Égaré, en fin de soirée, dans une rue sombre de Lyon
proche de la place Bellecour, un voyageur de commerce fut accosté
par une fille dont l'insistance lui énuméra quelques propositions
susceptibles de l'intéresser
Blasé et pressé de rentrer à son hôtel, à
Perrache, le Voyageur ne prêta qu'une oreille distraite aux sollicitations
de la radeuse. Mais lorsque le vacarme du train l'eut sorti de son premier
sommeil, il comprit qu'il devrait affronter une longue nuit d'insomnie.
Se promettant de fuir à l'avenir le voisinage des gares, il se
rappela que la fille avait précisément mentionné
.
«
le coup du chemin de fer »
dans
son énumération des attractions offertes. C'est étrange,
pensa le bonhomme, je n'ai jamais entendu parler de cette invention-là!
Ayant essayé, sans succès, de se rendormir et toujours obsédé
par la suggestion diabolique, il décida de tirer l'affaire au clair.
Vite rhabillé, il partit retrouver la donzelle et il la chercha
pendant plus d'une heure.
De
guerre lasse, il aborda une prêtresse attardée
-Une prêtresse attardée! s'étonna Dolly, béate
d'admiration.
-Où c'est qu'tu trouves tes expressions?
-Silence,
il aborda une trainée dans ton genre...
Merci
!
pour s'enquérir si, contre honnête rétribution , elle
pourrait l'initier
"au
coup du chemin de fer "
La
question demandait réflexion, mais la conscience professionnelle
de l'interpellée lui fit répondre qu'elle ne connaissait
pas ce truc-là.
Appelée en consultation , une copine ricana :
-
"Laisse tomber, C'est un dingue"
Si
bien que le voyageur, vexé et découragé, regagna
son hôtel en restant sur son appétit
Le lendemain, de passage à Valence, il effectua sans plus de bonheur
une nouvelle tentative au bordel de l'endroit. Même échec,
le surlendemain, à Montélimar et le troisième jour
à Avignon.
A Marseille, il prospecta en vain les ruelles du Vieux Port et n'eut pas
plus de chance au "Flamboyant" à Toulon, considéré
comme le temple des pratiques internationales de l'amour.
Bref, on en pouvait conclure que cette
médication, somme toute assez récente n'avait pas encore
fait ses preuves dans la cité et qu'elle n'était pratiquée
que par les certaines péripatéticiennes
Donc, fort déçu, le voyageur regagna Lyon et la , il enquêta
plusieurs nuits pour retrouver la dépositaire du Grand Secret.
Le vague signalement qu'il en pouvait donner ne facilitait pas ses recherches,
mais il se souvint opportunément d'un détail essentiel la
fille "zozotait" légèrement.
C'est Valentine la Nivernaise! précisa la plus vielle des gagneuses
de la Guillotière. Elle est passée a Strasbourg, il y a
une huitaine et, sauf erreur de ma part , elle doit être pensionnaire
au
"Grand Six" .......
Trépignant d'impatience, le voyageur sauta dans le train. Lorsqu'il
sonna au "Grand Six "pour apprendre que Valentine, malade, s'était
mise "au vert" chez sa soeur, bistrote à Chantilly,
Le
voyageur reprit la poursuite et se présenta, non rasé, chez
la soeur.. Hélas ! Gravement malade, Valentine venait d'être
transportée d'urgence à l'hôpital Bichat...
Notre homme s'y précipita, mais la surveillante qui lui indiquait
le lit de Valentine lui demanda d'abréger sa visite car l'état
de la malade donnait des inquiétudes.
Le voyageur s'approcha sur la pointe des pieds
- Excusez-moi, mademoiselle, dit-il au visage blême, je ne vous
importunerai pas longtemps. Je vous ai rencontrée à Lyon,
il y a trois semaines, et vous m'avez allumé avec
"le
coup du chemin de fer."
Malheureusement, j'étais pressé, toutefois si, aujourd'hui,
vous vouliez bien m'expliquer en quoi ça consiste...
Valentine fit un effort pour se redresser.
Compatissant,
le voyageur l'y aida et son anxiété fébrile ,déchiffra
sur ses lèvres qui zozotaient encore
«
Le coup du chemin de fer " putain , c'est...
Épuisée, Valentine laissa retomber sa tête et mourut
sur l'inachevé de sa confidence...
- Merde alors! ponctua Dolly en guise de final.
Je pense qu'elle prendra le temps de digérer l'apologue lorsque,
brusquement, elle s'étonne
- Pourquoi me racontes-tu cette triste histoire quand je te demande de
me dire ce qu'est la Légion?
- Parce que le légionnaire court après un mythe
qu'il s'est lui-même fabriqué avec les éléments
plus ou moins véridiques d'une légende fabuleuse...
Ce mythe, je l'ai si bien dépisté que j'en oublie la présence
de Dolly pour imaginer comment s'y sont laissé prendre ceux qui
furent mes compagnons.
Dans le civil, le légionnaire était un homme comme les autres
avec ses joies et ses peines. Il avait eu un toit, quelque part en Allemagne,
Belgique, en Suisse ou en Croatie... Un toit, c'est a dire un lit pour
s'y étendre au retour du labeur et rêver, les mains derrière
la nuque, à des choses insaisissables qui le narguaient sur l'écran
du plafond.
Une
femme, des copains s'étaient peut-être penchés un
instant sans lendemain sur sa solitude, peut-être aussi avait-il
toujours été un orphelin un chômeur malchanceux, un
errant, un paria , un fêtard blasé, un amant bafoué,
un paria rejeté par les clans politiques ou un gibier de prison
irrécupérable .....
Ayant
faim de pain, de chaleur humaine, de liberté, il était parvenu
au bord du gouffre dans son ciel de désespoir brilla, hors frontières
une étoile identique à celle aperçue par les rois
mages
Une
voix anonyme déjà entendue par Jeanne d'Arc et enregistrée
depuis par Pathé-Marconi lui disait à l'oreille :
Pour un homme comme toi , il reste la Légion! Tu y trouveras, avec
la gamelle, ce qui te manque et ce que tu cherches :
la dignité,une famille, une patrie, l'honneur...
De si tant belles choses qui valent la peine de leur offrir sa peau...
-La Légion ? Un refuge où l'on apprend a revivre Et revivre
n'est-ce pas, pour le lépreux plus éblouissant que vivre?
Croyant au miracle de cette religion de résurection, le chemineau
de la chimère s'est donc mis en route, son baluchon â la
main, vers le Cloître ou il serait initié.
II en a pris pour cinq ans et pendant parfois dix, ou quinze, ou vingt
ans il a dû vivre seul sa propre expérience...
Car,
le fameux cloître n'était qu'une maison d'illusions,
"Un grand numéro" qui
miroitait dans la nuit des angoisses humaines
Sitôt franchie la grille de Sidi-Bel-Abbès, chaque nouvel
arrivant demandait si Valentine était la ?
La Valentine qui lui avait parlé un soir
"du
coup du chemin de fer ou du tourniquet chinois..."
Un sous-off à visage de sphinx lui répondit qu'il allait
se renseigner, et pour que le voyageur venu de Berlin , de Madrid, de
Zagreb ou de Belleville ait de quoi se distraire en attendant son retour,il
lui colla dans les pognes, une pioche ,et un fusil...
Du
haut des nuées où
son imagination fignolait des enjolivures, il aperçoit la corvée
de chiotttes qui traverse la cour du quartier... Le temps qu'il mettra
a prendre conscience des réalités prosaïques
constituera son aventure légionnaire, laquelle ne pourra
ëtre comparée à aucune autre...
Valentine est morte, mais Dolly se raccroche à mes réflexions.
Elle me contemple avec les yeux aimants du caniche qui n'attend qu'un
signe pour prendre le morceau de sucre posé sur son museau
- En y réfléchissant à ton coup
du
chemin de fer
remarque-t-elle, je crois comprendre que tu t'es
fait posséder et que ça te reste sur l'estomac...
-Oui
90% d'invalidité
"Statut
Grand Invalide et Grand Mutilé"
un
"organe" en moins + 4 autres invalidités incurables pensionnées
, c'est un beau cadeau Bonux
Ca
vous interpelle tous les jours depuis 34 ans !
Nous
sommes le produit de nos erreurs et de nos doutes .
A
quoi pourrait bien servir , une infinité de petites certitudes
A
saisir une chance unique de comprendre comment l'on est devenu ce que
l'on est
Adieu
Le
webmaster
The
End
Je
vous souhaite a tous
Un
joyeux Camerone
infosite3.php
Pour
revenir a la page Acceuil
index.php
-
1 -
2 - 4 - 5
- 6
.php
- 7 - 8 - 9
- 10 - 11 -
12
|