Il
est aussi des Noëls
de
guerre.....
(chapitre
28)
Repman
33 Tchad 1969
Noëls de guerre
Livrés a l’incertain
Les cœurs se serrent
La famille c’est le copain.
"La routine"
-
Mai 1970 le coopérant Jacques Cros est exécuté par les habitants
de Goré
- 5 Août 1970 dans l’Ennedi deux avions de chasse français sont
touchés par le feu des maquisards, l’un deux doit faire un atterrissage
forcé a Lagé. Un avion est également touché dans le Tibesti.
- 8 août violent accrochage dans le Nord:bilan: 1 officier français
et un soldat tchadien tués
- 4 parachutistes français et trois soldats tchadiens blesses
- 7 rebelles tués 1 arme récupérée
- 3 rebelles blesses sont faits prisonniers
- décès du légionnaire Melek, "mort pour la France"
- décès, du légionnaire Alfonsi "mort pour la France"
J’avais
un camarade, de meilleur il n’en est pas
Il n’en est pas
Dans la paix et dans la guerre
Nous aillions comme deux frères
Marchant d’un même pas
Mais une balle siffle ,qui de nous sera gracié
Le voilà qui tombe a terre
Il est la dans la poussière
Mon cœur est déchiré
Ma main il veut me prendre,
mais je charge mon fusil
Oui mon fusil
Adieu donc, adieu mon frère
Dans le ciel et sur la terre soyons toujours unis
(Chant de tradition)
Depuis
trois jours que la compagnie était partie en opération les éclopés
au milieu duquel je me trouvais, étaient restés au camp de base
Nous étions une vingtaine a garder les installations de notre camp
sommaire, a 6OO kilomètres de Fort Lamy en zone désertique. A l’approche
des fêtes de Noël nous avions pour observer la tradition décidé
de construire notre crèche de Noël.
Une jeep avait été placée dans la crèche entourée d’un amas de papier
mâché avec les journaux que nous avions récupérés, qui s’étaient
transformés en montagnes et en déserts environnants. Des paillotes
avaient été placées ça et la représentant la population Tchadienne
protégée par la 2eme compagnie. C‘était le thème de notre crèche
que nous avions réalisé depuis quelques jours entre les corvées,
la continuation des défense du camp et les gardes que nous nous
partagions.
Nous étions sur le qui-vive, car la compagnie était a plusieurs
heures d’hélicos et cela n’avait rien de rassurant de rester en
zone désertique, a soigner nos dysenteries, nos bilharzioses, nos
infections multiples et notre état d’épuisement qui nous avait valu
de rester au camp. A choisir nous aurions tous préféré partir avec
la compagnie que de rester a Mangalmé, dans notre solitude et notre
peur du lendemain.
L’avant veille de Noël le Frolinat malgré les nombreuses gardes
que nous avions mis en place, avait réussi a s’approcher de nuit
aux alentours du camp et a accrocher sur les épineux et le réseau
inextricable de barbelés qui délimitaient notre camp, des bouts
de papier sur lesquels étaient marqués
"Nous
vous promettons de fêter Noël comme il se doit en l’absence de la
compagnie"
Ces
vœux de Noël ne nous rassuraient pas et l’adjudant responsable du
camp avait fait monter les mitrailleuses de 12,7mm en tir croisé.
En même temps nous avions creusé des journées entières des tranchées
et des abris individuels pour défendre notre peau si besoin s’en
faisait sentir.
Nous n’étions absolument pas rassurés...
Dolce
notte, santa notte
Tutto dorme fuori
La coppia santa veglia
Sul bambino che dorme
Il bambino é nato
Il christo é venuto
(chant de tradition)
Vers
11 heures du soir surgi de je ne sais ou, un helico nous avait déposé
non pas l’aumônier que nous étions en droit d’attendre mais un pasteur
protestant militaire qu’ils avaient trouvé, dans les "surplus
de l’armée.."
Il était arrivé par Hélico en treillis tel Dieu le père descendant
du ciel rassurant, pontifiant, plein de bonnes paroles.
Nous étions surpris de cette visite que nous avait préparé l’Etat
Major.
- Je vous apporte le message de Noël du Général commandant la Légion
Étrangère.
-
Cette année comme toujours, noël marquera une grande trêve. Elle
donnera encore un sens a la fraternité légionnaire, et a la famille
Légion qui se trouve aujourd’hui dispersée sur tous les continents
.
Mes pensées iront d’abord vers ceux qui loin de leurs bases remplissent
la mission et passeront encore un Noël de campagne, simple dépouillé,
mais très fort d’émotion.
Depuis Aubagne ou je partagerai la nuit de Noël avec le 1er Etranger
je penserai aussi a toutes les unités de Légion, qu’elles soient
groupées ou isolées a tous les Légionnaires du monde d'hier et d’aujourd’hui
aux jeunes aux anciens aux malades aux blesses aux familles et a
tous ceux ou ils se trouvent qui appartiennent de près ou de loin
a la grande famille Légionnaire.
Que cette merveilleuse nuit de noël soit douce a tous. Que la crèche
symbolique et les sapins illuminés vous réchauffent le cœur, comblent
votre solitude apaisent votre détresse et vous apportent joie et
sérénité.
A vous tous j’exprime ma très profonde affection.
Ce
qui nous intéressait surtout ce n’était pas de recevoir les Saints
Sacrements, et de beaux discours mais de débarquer les quelques
bouteilles de vin de bière et de mousseux que contenait l’hélicoptère.
En gros deux a trois verres mais qui étaient les bienvenus car nous
n'avions pas pris d’alcool depuis des mois .
Rapidement un autel fut construit a l’aide de trois plaques Filliot
pour qu’il puisse célébrer son office.
L’atmosphère était tendue, nous étions la équipés de nos brelages
l’arme a la main car nous pressentions que le FROLINAT mettrait
ses menaces a exécution.
Les postes de garde avaient été doublés, 2 quarts a la garde le
reste avec le pasteur, cependant nous n’oublions pas les sentinelles
dans leurs trous individuels en leur apportant régulièrement, un
verre de mousseux ou quelques biscuits secs.
Noël
de guerre
Livrés a l’incertain
Les cœurs se serrent
La famille c’est le copain...
L’adjudant
chef discutait avec le pasteur en lui racontant les messages déposés
par le Frolinat sur les barbelés pendant la nuit. Le pasteur fronçait
les yeux pas rassuré, il se mit tout d’un coup a expédier sa messe
en vitesse pour rejoindre un autre poste isolé mais cependant plus
calme.
Manifestement il était pressé de foutre le camp et dès que sa messe
fut exécutée il s’empressa de faire signe aux pilotes d’hélicos
en leur faisant signe de mettre les rotors en route pour une destination
plus calme.
Ce qui fut dit fut fait. Rapidement.
L’hélico quelques minutes plus tard s’élevait dans le ciel dans
un nuage de poussière après que le pasteur nous eut donné ses dernières
recommandations par un " courage mes enfants", tout en
emportant dans l’Hélico les autres réserves de bière, de vin et
de mousseux destinés aux autre compagnies qu’il allait visiter pendant
la nuit.
Chansons
lointaines
Les yeux se voilent
Les cœurs s’enchaînent
Turc et croyant se mêlent...
L’arme
a l’œil, nous regardions la Kronenbourg s’évanouir au loin, dans
un grand fracas de palmes d’hélicos.
Pendant quelques minutes nous nous regardâmes bouche-bée, car nous
ressentions profondément notre infortune. Pour une nuit de Noël
c’était soigné. En tenue, de pied en cap bardés de munitions, les
bande de 25O cartouches enroulées autour de nos épaules, nous faisions
peine a voir .et le moral était au plus bas.
Ils n’ont pas mis longtemps a mettre le feu aux poudres.
Le premier coup de feu est arrivé. On l’attendait presque pour être
libéré de cette attente, c’était comme un soulagement. Il a claqué
sec, et le projectile est venu étoiler le pare-brise d’un camion.
Rapidement nous nous sommes mis aux emplacements de combat en attendant
d’attendre les prochains coups pour voir d’ou partaient les coups
de feu. Rapidement ils ont commencé a nous allumer en tirant de
toutes leurs armes. La nuit était noire et nous attendions de repérer
le départ de leurs balles traçantes pour voir de quelle direction
partaient les coups.
Des que ceux-ci furent repérés nous avons envoyé la sauce a notre
tour en faisant feu de toutes nos armes, en direction des départs
de coups. L’adjudant sautant de poste en poste nous a alors intimé
l’ordre de monter dans les véhicules disponibles, et de leur tomber
dessus, car nous ne pouvions essuyer toute la nuit des coups de
feu. Rapidement nous avons sauté dans les 4/4/ et les 6/6 fait le
point radio entre les véhicules et nous avons foncé plein EST dans
leur direction. Toute la nuit nous avons ratissé a l’aide des phares
et des projecteurs que nous avions monté sur les véhicules, étendue
du désert, en ne rencontrant que quelques chacals.
Jusqu’au lendemain nous avons ratissé la zone en espérant leur tomber
dessus.
Vers midi il faisait 55 degrés au soleil les véhicules commençant
a faire du vapeur-lock, l'adjudant a ordonné la fin du ratissage
et le retour vers Mangalmé a notre grand soulagement.
A peine arrivés nous nous sommes mis a chanter Jonhy le sud Africain
a donné le ton en éclatant de rire, et nous avons tous repris en
chœurs.
Silent
night, holy night
All is calm
All is brigtht
Uround young virgin, mother and child
Holly infant, so tender and mild
Sleep in heavenly
Sleep in heavinly sleep
(chant de tradition)
Noël
de guerre, Noël de paix
Aux hasards du destin
En l’homme l’enfant renaît
Les copains sont la
S’enfuit le chagrin...
C’est la grande famille
La Légion mère,
Haut les cœurs...
Il est des Noëls de paix
Il est des Noëls de guerre
Mais tous sont des Noëls de Légionnaires.
N.B.
Les poèmes sont de Giorgio Muzzati (1994)
Sergent a la 3eme compagnie du 2eme Etranger d’infanterie
Noël
a la 3ème compagnie. (source képi-blanc)
"Harazé
c’est la sous-préfecture du Sud du Tchad la plus éloignée et la
plus isolée.
La seule ou personne n’ose penser fêter Noël cette année, car depuis
le début du mois les HLL y font montre d’une activité soutenue et
d’une audace inquiétante.
Mais le 23 décembre tout change. Deux sections de la 3em compagnie
(qui vient d’arriver quelques jours auparavant de Calvi) s’installent
en bivouac. Pour bénéficier de l’effet de surprise elle s ont fait
150 kms a travers la brousse, a la boussole. C’est la première sortie.
Une section accroche aussitôt et peut rapporter en outre a la garnison
tchadienne du mil et des chèvres qui assureront la nourriture pendant
les fêtes.
La nuit du 23 au 24 décembre se passera en embuscades, loin de l’agglomération,
un petit détachement seulement renforcera la garde de la sous préfecture.
A 3 heures du matin c’est l’attaque. Les premières balles sifflent.
L’accrochage va être rapide car la riposte est brutale; mais grâce
a leur nombre et a la surprise les HLL pénètrent dans quelques cases
et en incendient une partie. Les légionnaires luttent contre les
flammes. Au lever du jour tout est rentré dans l’ordre: 3 morts
rebelles ont été abandonnés sur le terrain
Le 24 a 10h00 1 avion C-47 se pose sur Harazé le colonel Lacaze
en descend. Harazé étant le point le plus isolé, le colonel Lacaze
a décidé qu’il passerait Noël avec la 3ème compagnie. Il amène un
prêtre, le père Fournier fraîchement débarqué au Tchad, volontaire
pour célébrer la messe au milieu de la Légion.
IL n’y pas de temps a perdre. Pendant que les uns renforcent les
défenses du bivouac, les autre construisent comme le veut la tradition
une crèche.
A la fin du jour on allume des feux de bois. L’aumônier célèbre
la messe dans la clarté des phares des jeeps les chants de Noël
montent dans la nuit chaude. A quelques mètres les légionnaires
sont a leurs postes de combat a 21 heures tout s’éteint chacun va
prendre du repos ou prendre sa garde. La nuit est calme le 25 au
matin un renseignement arrive la bande est repérée a nouveau Tout
le monde immédiatement est prêt a partir, mais c’est la 2ème section
qui accroche: 18HLL, hors de combat des armes récupérées des masses
de document et une tonne de mil.
"Le 30 décembre la CMLE, accroche très durement a Tchalak.
C’est son premier gros coup. L'assaut est très meurtrier, deux légionnaires
sont tués, et un légionnaire blessé, au cours du violent corps a
corps qui suit immédiatement le contact, les rebelles laissent une
trentaine des leurs sur le terrain.
C’était un noël de guerre, le noël des compagnies a des centaine
de kilomètres de Fort-Lamy, a des milliers de km de la France et
de Calvi, noël d'embuscades, de solitude, de dénuement, de peur,
un mois de décembre dont on se souvient toute sa vie… et qui revient
tous les ans au moment des fêtes.
C’était un noël de guerre, c’était un noël de légionnaire…
Au
retour des l’arrivée au village d’Harazé le chef de corps fait distribuer
le mil a la population enthousiaste tandis que tam-tam et danses
s’organisent.
Ce sera le cadeau de Noël 1969 fait aux habitants du village d’Harazé
par la 3ème compagnie.
Ich
hatte einen Kameraden
Einen besseren findst du nicht
Die Trommel schlug zun Streite
Er ging an meiner Seite
In gleichen schrit und Tritt
In gleichen Schrit und Tritt
(version Allemande)
Ces
trois chapitres sont tirés de mon "bouquin"
"Sur
la terre imprégnée du sang des Légionnaires, le soleil ne se couche
jamais"
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