L'Association
des Anciens Légionnaires Parachutistes.
(A.A.L.P.)
J'ai rejoins mon Amicale d'origine,
l'Association des Anciens Légionnaires Parachutistes, qui regroupe
tous les anciens légionnaires ayant servi au 1er et 2ème
Régiment Étranger de Parachutistes.
Disséminés aux quatre coins de l'Europe, de l'Asie,
et de l'Afrique, sur tous les continents, l'Amicale regroupe
environ 700 anciens légionnaires parachutistes, rescapés
des guerres, interventions extérieures, et conflits qui ont secoué
le monde depuis la création des légionnaires Parachutistes
en 1948..
L'Amicale est surnommée la "septième compagnie"
Le Régiment comptant six compagnies, l'Amicale est donc naturellement,
par filiation directe, la septième compagnie du Régiment.
Tous les ans j'attends avec impatience la Saint Michel ou le 2eme REP
nous reçoit a Calvi, lorsque le Régiment n'est pas en intervention
en Afrique ou en Yougoslavie, ou dans quelque autre partie du monde.
L'Amicale a le bras long, et s'occupe du transport. Un avion militaire
part d'Allemagne, un de Paris, un de Lyon, un de Toulouse direction Istres,
ou tout le monde se retrouve puis direction Calvi, le tout gratuitement,
merveille de la logistique actuelle qui nous faisait tant défaut
auparavant....
Remerciements a l'Armée de l'Air, pour son éternelle collaboration.
En ce qui me concerne je prend beaucoup de plaisir au cours de ces retrouvailles
sur le tarmac de l'aéroport militaire de Toulouse Francazal,
et d'Istres, avant de prendre le dernier avion pour la terre promise
Calvi, sanctuaire du Régiment.
Les arrivées a l'aéroport de Calvi ne passent pas
inaperçues. Dans toutes les langues et principalement en Allemand,
tous les participants sont heureux de ces joyeuses retrouvailles. C'est
un brouhaha indescriptible, en attendant de recevoir nos affectations
dans les différents hôtels de la ville.
Les unité parachutiste de la Légion étant récentes,
tout le monde se connaît, et a plus ou moins servi sous les ordres
d'un tel ou d'un tel .
Apres une après midi de quartier libre, et une nuit de joyeuses
libations, nous nous réveillons tous aux aurores avec la gueule
de bois afin de participer aux différentes cérémonies
des deux jours suivants.
Au petit matin nous sortons des valises la tenue de l'amicale, blazer
bleu marine, avec écusson de l'amicale, brodé AALP, More
Majorum, pantalon gris foncé, chemise blanche, cravate verte réglementaire,
béret vert surmonté de l'insigne des unités
troupes aéroportées, décorations pendantes.
Tenue réglementaire.
Durant ces deux jours se réunissent dans une grande "communion"
ce qui se fait de mieux dans l'Armée Française.
Aucun régiment au monde, ne peut regrouper autant, d'actions individuelles
et collectives que la "septième compagnie".
Apres un rapide regroupement a l'entrée du camp Raffali, sous les
ordres du capitaine Bonelli, ordre est donné de "faire le
toit", c'est a dire, ordonner la mise en place pour le défilé
par rangs de taille décroissant, nous formons le carré,
les valides et ceux qui le sont moins, ceux qui marchent avec des cannes
les grands blessés en queue de peloton pour ne pas gêner
l'ordre dans les rangs.
Tout le monde veut être présent pour le défilé,
qu'importe l'âge, les invalidités, la fatigue,
Sur la place d'armes les compagnies du Régiment, en grande tenue
de parade forment deux haies d'honneur, au "présentez
armes".
Lentement au pas réglementaire de la Légion, a 88 pas minute,
avec la particularité de rouler les épaules, et de glisser
le pied sur le sol plutôt que d'attaquer le sol du talon comme
le font les autres unités légion "non parachutiste",
les
600 a 700 anciens passent en chantant le chant du 1er Régiment
Étranger de parachutistes, devant les troupes au "présentez
armes" .
"Jamais garde de roi, d'empereur,
d'autocrate
De pape ou de sultan, jamais nul régiment
Chamarré d'or, drapé d'azur ou d'écarlate
N'alla d'un air plus mâle et plus superbement"
Bloc complet, indissoluble, fier de sa
force et de son passé, sous le même uniforme d'ancien
légionnaire-parachutiste, ou se côtoient au coude a coude,
généraux, colonels, capitaines et lieutenants, sous-officiers
et légionnaires, sans aucune distinction de grade, sur le même
pied d'égalité.
Contre les Viets, contre l'ennemi
Partout ou le combat fait signe
Soldats de France soldats du pays
Nous remonterons vers les lignes
Oh !légionnaires
Le combat qui commence
Met dans nos âmes enthousiasme et vaillance
Pleuvent pleuvoir grenades et gravats
Notre victoire en aura plus d'éclat
(Chant du 1er Régiment Etranger de Parachutiste)
La Légion n'oublie pas..... jamais
Suivent les longues cérémonies de plusieurs heures ou immobiles
nous attendons l'arrivée du Colonel commandant le 2eme Rep, celle
des généraux arrivés de France. Longues heures d'attente
ou nous avons du mal a rester au garde a vous, l'âge, les séquelles
invalidantes, réveillent des crampes douloureuses que les plus
aptes, et les invalides encaissent sans broncher, fiers d'êtres
présents, reconnus, honorés. Cela nous met du baume au cour
cette reconnaissance, du Régiment due aux Anciens.
Hommage de ceux qui ont l'âge de servir, et défilé
de ceux qui n'auront plus jamais l'occasion de revêtir
la grande tenue, cravate verte, képi blanc, ceinture bleue, contact
froid de l'arme dans les paumes de la main.
A la place la tenue réglementaire de l'amicale.
Suivent les éternelles remise de décorations.
Les discours des Généraux:
Voici quarante ans naissait, a l'autre bout du monde, une nouvelle confrérie
de guerriers: les parachutistes de la Légion
De la vielle Légion, ils avaient recueilli les traditions de rigueur,
de solidité, de discipline, de dévouement; des Parachutistes,
ils avaient la jeunesse et le goût de l'insolite. Ils formèrent
vite une troupe unique en son genre, les bataillons Etrangers de Parachutistes......
(Général Guignon)
La musique de la Légion Etrangère d'Aubagne est présente
avec ses cent quarante exécutants, les roulements de tambour, les
claquements secs des sonneries.
L'harmonie, la puissance de cette musique nous ramène des années
en arrière, quand nous étions "jeunes Légionnaires"
au Régiment, avec la même impression de force, de calme d'invincibilité,
au rythme lent des trompettes et des tambours......
Mein Regiment,mein Heimetland
Meine Mutter habe ich nie gekannt
Mein Vater starb schon früh im Feld,ja Feld
Ich bin allein,auf dieser Welt
Mon Régiment c'est ma Patrie, je n'ai jamais connu ma mère.
(chant de tradition)
Les prises d'armes terminées,
c'est la course vers le foyer, les mess, pour se retrouver toutes générations
confondues, vers la Kronenbourg distribuée gratuitement, sans considération
de quantités, le Régiment est généreux et
ne fait jamais les choses a moitié.....
Le Régiment, se mêle a la 7eme compagnie, en faisant toujours
preuve de beaucoup de gentillesse et de respect en nous pilotant a travers
les bâtiments devant lesquels sont rangés les derniers armements
en compte au Régiment, les dernières techniques.
Nous sommes médusés devant l'évolution des
matériels, nous qui manquions de tout.
Le Légionnaire est devenu en dehors de ses qualités physiques
et morales un technicien utilisant l'informatique dans les systèmes
d'armes, les transmissions, la puissance de feu.
Les parachutes ne ressemblent en rien a ceux que nous utilisions il y
a trente ans et plus, les parachutes en dotation au régiment ont
désormais 70 M2 de voilure alors que nous utilisions des parachutes
de 48 M2, qui nous sciaient les épaules, provoquaient des chocs
important a l'ouverture, et a l'atterrissage, peu sûrs,
ingouvernables par grand vent.
Longues explications, par petits ateliers, par petits groupes, nous sommes
toujours curieux des nouveautés que chaque compagnie a imaginé
pour rendre le Régiment plus performant.
Le Régiment a évolué vers des missions d'intervention
Outre Mer ou centre Europe, fini les rudes chocs de l'Indochine, contre
des divisions entières, fini la contre guérilla en Algérie
a la place des interventions comme le Tchad (pas moins de dix interventions,
le Zaïre (Kolwezi), Djibouti (Lada), le Liban, le Gabon, la guerre d'Irak,
Saravejo (deux interventions), la Somalie, le Centrafrique ,l'Albanie
et les multiples interventions Africaines, dont la liste est annuelle.
Jamais le Régiment depuis 1962 ne sera autant intervenu, dans des "interventions extérieures".
La fin de la période Algérienne, qui devait sonner le glas
de la Légion étrangère, et particulièrement
les unités parachutistes de celle-ci, a cause du putsch d'Alger,
aura finalement servi la cause Légionnaire.
Sous d'autres cieux, dans d'autres continents, la Légion
perdure et se remet de ses vielles blessures a jamais ouvertes de l'Indo
de l'Algérie, et de ces quelques jours ou tout a basculé
durant le putsch d'Alger, contre le pouvoir politique.
Dans une indifférence générale alors que les Français
sommeillent bourgeoisement dans un pays en paix et que le Régiment
intervient dans des pays qui eux malheureusement sont en état de
guerre
Et quand donc les Français voudront-ils comprendre
Que la guerre se fait dent pour dent ,oeil pour oeil
Et que ces Etrangers qui sont morts a tout prendre
Chaque fois en mourant leur épargnaient un deuil.
Gloire a ces fils de France devenus Français
Non par le sang reçu, mais par le sang versé.....
Poème du capitaine De Borelli, Légionnaire Parachutiste
Mort au champ d'honneur..
A la nuit tombée, chaque Ancien
de la septième compagnie, est accueilli pour la veillée,
autour d'un grand feu, par sa compagnie d'origine et les jeunes
qui la composent. Un jeune prend alors en charge un Ancien, dans une totale
osmose et communion d'esprit.
C'est la veillée, la messe, le rite, l'adoubement
A la lumière des feux de camp, édifiés devant chaque
compagnie, les agapes commencent a la langouste Corse, au méchoui,
et a la Kronenbourg, se prolongeant jusqu'au petit matin, dans une fête
païenne, dont nous sommes les seuls initiés.
Il faut avoir payé de son sang, avoir trempé sa chemise
au REP, pour avoir l'honneur d'être invité a ce
gigantesque méchoui qui se prolonge dans la nuit.
Les chants s'enchaînent, le salut au caïd, Gai Légionnaire,
Adieu Bel Abbés, Adieu vielle Europe, le grand Atlas, Anne-Marie,
les képis blancs..... suivis des chants Allemands, Westerwald, Altekamaraden,
Wediesoldaten, Lore,Lore, Paraderdemarsch,
Anne -Marie, des chants Espagnols Yougoslaves Polonais..... qui sont le
ciment de notre camaraderie et de notre amitié
L'Europe des nations a du mal a se faire, il y a longtemps que nous l'avons
réalisée, nous y sommes parvenus en 1831, sous Louis Philippe..... cela
ne date pas d'aujourd'hui.
Cent trente nationalités différentes au Régiment
Au petit matin nous nous réveillons avec "la gueule de bois",
quartier libre, en attendant les avions qui nous ramèneront, vers
les différentes régions ou pays respectifs.
Les cérémonies officielles touchant a leurs fins, un dernier
repas, nous est offert par le régiment dans les restaurants de
Calvi.
Chaque compagnie a son propre restaurant, et les chants montent dans les
vieilles ruelles de Calvi, sous le regard des Corses, dérangés
dans leur tranquillité proverbiale.
A l'issue du repas quartier libre dans la ville.
Nous déambulons sous les palmiers dans les rues du vieux Calvi,
pleines de souvenirs, en nous regroupant par affinités, schnaps..schnaps...
en
nous rappelant les virées que nous avons fait autrefois dans telle
ou telle ruelle.... le "gnon" récolté ou administré
dans tel ou tel bar.
Au loin sur l'aérodrome de Calenzana les avions commencent a faire
leur "point moteur", pour nous rappeler que la fête est
finie et qu'il va falloir rentrer.
Les camions militaires et la police militaire du Régiment embarquent
les derniers convives, direction l'aéroport de Calenzana.
On s'embrasse, on se jure qu'on s'écrira, rendez vous dans deux
ans au Régiment a Calvi, ou a une de nos réunions a Paris,
c'est promis c'est juré, on s'appelle, on se retrouve et l'on se
fera une petite bouffe.... et une bonne cuite
Ich hab ein Kamaraden.....
Le vent s'est levé, sur la vieille
ville et le camp Raffali.
La petite cloche de la chapelle, qui jouxte le cimetière du régiment
ou sont enterrés les "sans famille" s'est mise a carillonner,
faiblement d'abord sous l'effet de la brise, pour nous rappeler, qu'elle
avait été le témoin de nos joies et de nos peines,
puis sous l'effet du vent soudainement devenu plus violent, elle s'est
mise a sonner d'un ton grave, pour les morts..... pour tous ces morts, étrangers,
devenus fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé.
"More majorum"
En souvenir des 37 647 Légionnaires "morts pour la
France", de 1831, la conquête de l'Algérie
a 2000 (la dernière opération a Brazzaville).
Des centaines de milliers de blessés, amputés, invalides,
pensionnés, dont la vie bascula, lorsqu'ils furent rendus
a la vie civile, rejetés dans l'anonymat et l'indifférence
générale de la société
dans laquelle nous vivons.
"Legio patria nostra"
Extrait du livre " Sur la terre imprégnée
du sang des Légionnaires, le soleil ne se couche jamais"
écrit par le Webmaster Repman33, chapitre 37 ,"l'ALP"
|