
D'après-midi,
la bande est repérée se dirigeant vers la forêt et la crête de l'Arb-Estaya.
Peu élevé le Massif qui culmine à 732 mètres s'étend sur une vingtaine
de kilomètres, s'évasant progressivement vers l'ouest. Ses pentes
sud, plus sèches, sont légèrement clairsemées. Par contre, le versant
nord est caractéristique de la région: la broussaille est omniprésente.
Pour qui vient de la région d'El-Arrouch, l'Arb-Estaya est la porte
de la presqu'île de Collo.

A
14 h 40 e renseignement est confirmé et le colonel Chataigneau qui
commande l'opération bascule la manoeuvre. Masselot regroupe son
régiment entre Robertville et Sidi-Mesrich en vue d'un héliportage.
La "3" du capitaine Coiquaud est la première à embarquer.
Le briefing a été bref ; il sait seulement qu'il y a du "fell"
en golf 15. Au-dessus de l'Arb-Estaya, le "piper" continue
de surveiller la "katiba", rejoint par "l'alouette"
du commandant Masselot. Finalement, le Commandant déniche une clairière
où se pose la 3ème Compagnie, section du lieutenant Gastaud en tête.

Gastaud
est "un lion dans l'action", écrit Pierre Sergent. Il
a déjà une solide réputation. Six mois plus tard
il tombera à Guelma. A peine à terre, les éléments
de pointe sont brutalement pris à partie par des tirs d'armes automatiques.
Les légionnaires-parachutistes ont débusqué la katiba
en plein mouvement. Pour eux trop tard pour s'organiser et bâtir
une défense cohérente. Le combat fait rage quand la seconde
rotation se présente. Désormais au complet, la "3"détruit l'arrière-garde de la bande. Coiquaud rend
compte.
Noir
au complet. Une trentaine de gars au tapis, trois F.M récupérés,
deux prisonniers. Le reste de la bande a basculé dans la cuvette
au nord. Pertes Amies, néant. Je tiens la crête pour interdire les
fuites.

Après
avoir félicité son capitaine, Masselot procède a l'encerclement
de la cuvette avec les autres II est 16H15. Encore deux heures de
jour. Schéma classique, l'ennemi va tenter sa chance la nuit venue.
En conséquence, le commandant procède au renforcement de son bouclage.
Ses légionnaires une fois encore démontrent leur métier et prouvent
qu'un encerclement de nuit, quand on le veut, peut-être une réussite.
Mais cela ne va pas sans mal. La 2e compagnie du capitaine Pouilloux
accroche des fellaghas qui sont conscients du danger. Des coups
de feux zèbrent la nuit, mais les moudjahidines sont systématiquement
rejetés dans la cuvette. Le lendemain 16 mars, le nettoyage reprend
avec l'aide de l'avaition qui napalme la zone et des mortiers de
120 de la C.A qui appuient la progression. Matraqués sans répit
les fellaghas se terrent. II faut maintenant les déloger Les légionnaires
resserrent leur dispositif, au fond des thalwegs et des pentes.
Dans ce travail! ingrat la 1 re compagnie se heurte à un élément
bien dissimulé

Le gain de l'action est, cette fois, chèrement payé. Un officier
chef de section est grièvement blessé des légionnaires sont touchés.
L'un d'eux ne survivra pas à ses blessures. Les harkis de Saint-Charles,
enfants du pays, participent au ratissage. Ils connaissent les caches
et les habitudes de leurs coreligionnaires. On les entend interpeller
en arabe leurs frères ennemis. La peur de la Légion provoque des
redditions.

Tout
ce travail est long et nécessite un nouveau bouclage de nuit. L'opération,
mission accomplie ne s'achèvera que le 17 mars dans l'après-midi.Les
résultats sont probants : 80 HLL tués et une soixantaine
d'armes de guerres saisies
Au printemps 1958, la vie interne du régiment est
marquée par deux événements importants : tout d'abord, l'arrivée à la tête du 2e REP du lieutenant-colonel
Lefort et, un peu plus tard, le retour du comnandant Cabiro, le célèbre
"Cab" des BEP d'Indochine .
L'histoire et la légende unies sous la même
"fourragère
rouge de la Légion d'honneur" Après DE Vismes, "l'aviateur"
qui a rompu les légionnaires à la "pratique
opérationnelle des hélicoptères", voici le
" choc", l'homme de tous les barouds depuis les campagnes
de la Libération.
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