C'est
une mission suicide et les troupes désorganisées de
Lepage plongent les deux colonnes dans une grande confusion. Tout
autour, le Viêt-Minh est prêt pour l'assaut final avec
une quinzaine de bataillons et des armes lourdes.
Toute
résistance organisée devient vite impossible. Au total,
12 officiers et 475 hommes réussiront à rejoindre
That Khé en perçant par petits groupes. Le Capitaine
Jeanpierre, les lieutenants Marce et Roy et 20 légionnaires
du BEP et du 3e REI sont parmi les rescapés.
La
2' compagnie du capitaine Mattei tient encore Na Cham plusieurs
jours, recueillant les rescapés du drame. Malgré l'absence
de menace et des fortications en dur aussi puissantes que celles
de Cao-Bang, Langson est évacuée dans la précipitation.
Le
Corps Expéditionnaire vient de perdre 4 800 tués ou
disparus et 2 000 blessés sans compter un important matériel.
Dans
le Delta. Au Tonkin, le Haut-Commandement décide de passer
sur la défensive et d'entourer le delta utile d'une ligne
de 1 200 blockhaus en béton, solidement armés et capables
de résister avec une garnison réduite. La Légion
apporte une contribution précieuse à sa réalisation
avec ses unités du génie.
Mais
ce sont presque tous les bataillons de la Légion qui vont
stationner de plus en plus longuement dans le delta du Tonkin.
Si
les parachutistes et les bataillons intégrés aux GM
participent souvent à de grandes opérations, les autres
unités doivent se contenter d'un quotidien monotone mais
tout aussi meurtrier avec quelquefois de puissantes attaques sur
des postes ou des patrouilles isolés mais surtout un harcèlement
permanent où les mines et les pièges constituent une
redoutable menace.
Enfin, la maladie prélève un lourd tribu avec plus
de 8 000 évacuations sanitaires sur l'ensemble de la campagne.
Le
ler septembre 1950, la mise en place du Groupement autonome de la
Légion étrangère (GALE) permet de gagner encore
en efficacité en même temps qu'elle traduit une reconnaissance
certaine du rôle essentiel joué par la Légion
en Indochine. Disposant dorénavant d'une section à
la direction du personnel de l'armée de terre qui travaille
en liaison direct avec le dépôt commun des régiments
étrangers à Sidi-bel-Abbès, la Légion
jouit d'une réelle autonomie.
Il
lui faut combler les lourdes pertes
Ces légionnaires tuent l'ennui des petits postes en jouant
aux cartes. Chimaï, juin 1947.
survenues sur la RC4 au moment où ur grand nombre de contrats
viennent à expiration. Ces contraintes conduisent à
réduire la durée d'instruction souvent limitée
à quatre semaines alors que les nouvelles recrues sont de
plus inexpérimentées. Le problème de l'encadrement
s'aggrave car la prioritt est accordée aux BEP et aux bataillon:
affectés aux GM au détriment de; unités vouées
à des tâches statiques De nombreuses compagnies ne
comptent ainsi qu'un seul officier pour commander des hommes répartis
dans deux ou trois postes, voire plus.
Malgré
ces difficultés, la Légion Etrangère réussit
à accroître sa capacité opérationnelle.
Le 1er REC peut disposer. ainsi de 14 escadrons de combat et 4 de
support en 1953. .Le 2' groupement autonome du 1' REC constitué
à Haiphong dispose des mêmes moyens amphibie que le
1' groupement de Tourane. L'effort ne port pas seulement sur les
unité de combat. La Légion me en place un certain
nombre d'unités de support spécialisée qui
absorbent environ 20% des effectifs présents en Indochine
Beaucoup de légionnaire cherchent d'ailleurs à le
éviter pour se trouver dans de secteurs plus actifs.
Enfin,
les formations de la Légion participent activement au développement
de l'armé nationale vietnamienne voulu par de Lattre. Afin
d'aguerrir les futurs cadres de cetle armée, des bataillons
français doivent créer en leur sein une compagnie
vietnamienne. Très rapidement le «jaunissement»
prend des proportions plus importantes que prévues. Sauf
à engager les appelés français, il s'agit là
de la seule solution pour augmenter durablement les effectifs. Malgré
les appréhensions et les réticences de certains, la
Légion relève avec succès ce nouveau défi
en mettant sur pied des compagnies puis des bataillons vietnamiens
qui se comporteront fort bien au feu.
Victoires
sans lendemains
Nghia
Lo. La nouvelle offensive viêt-minh se développe dans
le pays thaï où la division 312 reçoit l'ordre
de s'emparer du poste de Nghia Lo. Le 8' BPC est largué à
Gia Hoï dès le 1er octobre pour couper les lignes de
ravitaillement ennemies. Le 2e BEP le rejoint le 4, tandis que le
10" BCCP se prépare à renforce la garnison de
Nghia Lo. Le 2' BEP du commandant Raffali reçoit l'ordre
de gagner Bac Co pour soutenir l'action du 8e choc.
Il faudra 9 heures aux légionnaires pour parcourir les 6
km de jungle épaisse et accidentée qui les séparent
de leur objectif. Après plusieurs heures de lutte et avec
le soutien de l'aviation, ils s'emparent d'un piton qui commande
la piste près de Bo Sieng. Vers minuit, les Viet lancent
une première attaque. Vers 4 h, le chef du 2' BEP décide
de décrocher en profitant de l'obscurité. Le surlendemain,
il pleut mais le 2' BEP peut rejoindre le 8' BPC sur la cote 405.
Les légionnaires n'ont pas mangé depuis deux jours
et comptent 7 tués, 27 blessés et 19 disparus mais
Nghia Lo est sauvée.
Hoa
Binh.
Après l'échec des offensives ennemies de l'année
1951, de Lattre décide de reprendre l'initiative. Le 10 novembre,
le 1er BEP saute sur Cho Ben pour aligner le périmètre
défensif du Delta sur le Day. Les légionnaires sont
rejoints par des troupes terrestres. La résistance est faible.
Dans la journée du 14, l'opération est répétée
avec le même succès à Hoa Binh.
Giap
décide de réagir et engage trois de ses divisions
autour de Hoa Binh qui dépend de la rivière Noire
ou de la RC6 pour son ravitaillement. L'étau se resserre
autour des positions française de la rivière Noire
malgré l'intervention du GM4 et du 1" BPC. Le GM1 et
les deux BEP sont alors engagés pour rétablir les
communications avec les postes de la Rivière Noire .
Le 21 décembre, le Viêt-Minh reprend l'offensive avec
la division 308. Une compagnie du 1 er BEP se met en route pour
renforcer la garnison d'Ap Da Chong. Le reste du bataillon tombe
dans une embuscade au sud de Xom Bu, alors qu'il court à
la rescousse d'un convoi de ravitaillement de la marine pour Hoa
Binh. Il faut l'intervention de deux pelotons de chars et de l'aviation
pour que les légionnaires puissent se dégager. La
division 308 a traversé la rivière et avance vers
la route qui relie Cam Daï et Yen Cu. Soutenu par le 1/ 7'
RTA, le 2ème BEP contraint les Viets à renoncer avec
plus de 300 tués. Il perd cependant dans l'affaire 12 tués
et 31 blessés.
Le
Viêt-Minh fait alors porter son effort sur la RC6 dont la
topographie rappelle fâcheusement celle de la RC4. Le II/
13' DBLE du commandant Roux assure la protection de la route de
Ao Trach à Xom Pheo. La garnison de Hao Binh compte 1 peloton
de chars chaffee, des automitrailleuses, 3 batteries de 105 et 5
bataillons d'infanterie. Parmi ceux-ci se trouvent le III/ 13' DBLE
et le 1/ 5' REI. L'attaque débute la nuit de Noël contre
le poste de Trung Du.
Le
7 janvier 1952, le poste de Xom Phéo est attaqué à
son tour. La position principale est tenue par la 5' compagnie du
II/ 13' DBLE qui perd 10 tués, 16 blessés et 13 disparus
contre plus de 600 à l'adversaire.
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