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Une
compagnie du 5e BPVN gravit les pentes du Pu-San. Les malheureux
n'arriveront jamais au sommet. Malgré l'appui de l'aviation
et les tirs de l'artillerie du camp retranché, les sections
sont bloquées par des tirs aussi précis que meurtriers.
Profitant d'un vent tourbillonnant, les Viets mettent le feu aux
herbes. Rapidement les flammes environnent les parachutistes vietnamiens
pris au piège. Ils ne peuvent sortir que pour se faire abattre.
Leurs hurlements inhumains couvrent la fusillade et vrillent les
nerfs des légionnaires impuissants. Quelques survivants parviennent
néanmoins à se dégager du brasier. Le 14 décembre,
le commandant Guiraud ordonne une reconnaissance"sur le Pu-Ya-Tao
à la 4e compagnie et place le reste du bataillon en recueil.
Le ler BEP est à ce moment en arrière-garde du groupement,
les éléments des deux autres bataillons commençant
leur repli vers la cuvette.
Les légionnaires de Cabiro découvrent un sommet complètement
arasé et inoccupé. L'incendie a dévoilé
les nombreux emplacements de combat des parachu-
tistes.
Des cadavres calcinés, quelques tombes fraîchement
creusées, un peu d'armement témoignent du sacrifice
de la veille. Afin de donner un peu d'air au groupement, le bataillon
s'installe en hérisson tandis que le 5e BPVN amorce vers
la vallée en direction du recueil du 8ème BPC.
La
4e compagnie du BEP s'est rapidement et solidement organisée
sur les anciens emplacements de combat, les aménageant et
les consolidant . En deuxième échelon, « Loulou
» Martin avec sa 3e compagnie interdit aux viets l'accès
de la piste de crête prévue pour le repli. A 400 mètres
se tient la section lourde du lieutenant Roux. Celui-çi devenu
par la suite général, écrira en 1984 dans Képi-Blanc
: « Nous nous installons sur le Pu-Ya-Tao, les trous sont
creusés à une allure record et,les herbes à
éléphant sont arrachées sur plusieurs mètres
, les légionnaires n'ont pas envie de brûler .L'artillerie
n'est pas intervenue car l'aviation doit arriver. Finalement, un
chasseur est arrivé il a failli nous larguer un bidon de
napalmsur la figure , nous avons vu le bidon passer à dix
mètres de nous en tournoyant, et s'écraser dans l'herbe
àéléphant. Pendant que nous, nous organisons
l'aumônier (le père Chevalier) récite la prière
des morts sur les tombes fraîchement creusées .Sur
le piton en face, distant de moins d'un kilomêtre nous apercevons
les Viets qui emmènent des prisonniers, les mains liées
dans le dos Le commandant Guiraud a donné ses ordres pour
le décrochage : « repli à 12 heures
point de recueil prévu. Dans l'ordre :Verguet,Cabiro ,Martin,
Brandon ».
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A
11h 50 profitant du départ du Morane d'observation, d'interminables
colonnes viets débouchent en rangs serrés des hauteurs
qui dominent la piste Pavie. Ils sont des milliers qui dévalent
en toute sécurité des pitons situés à
vue des positions du BEP. L'occasion est trop belle pour leur rappeler
qu'ils ne sont pas encore les maîtres du terrain. Ils sont
juste en limite de portée des 155 du camp retranché.
Les premiers obus surprennent les bo-dois et bientôt, un tir
des plus efficaces sème la mort parmi les colonnes. Les bawouans
sont vengés par ce déluge d'acier et de feu.
12h00 : les unités entament leur repli. L'arrière-garde
est au contact. La compagnie Cabiro quitte son piton au moment où
les Viets débouchent sur le sommet. Les légionnaires
dévalent les pentes ; les mitrailleuses du lieutenant Roux
tirant juste derrière eux. Le BEP manoeuvre en « perroquet
». C'est maintenant au tour de Brandon de se replier. Les
Viets essaient de s'infiltrer entre les compagnies. Au pas de charge,
sans s'arrêter, les légionnaires vident leurs chargeurs
; à son tour, Brandon s'installe pour porter un coup d'arrêt.
Le PC qui vient d'arriver sur le piton tenu par la compagnie Verguet,
demande l'intervention de l'aviation et annonce que le Morane d'observation
a été touché par la chasse ! Le Morane de relève
est abattu à 16 heures par la DCA viet qui contrarie très
sérieusement l'activité de la chasse du camp retranché.
Petit-à-petit, les unités se regroupent sur le Pu-Ya-Tao.
Les légionnaires arrivent essoufflés par cette véritable
course contre la mort. C'est le moment de dénombrer les effectifs.
Le commandant Guiraud s'inquiète au sujet de la compagnie
Brandon. Aucune liaison n'est établie. Les Viets s'enhardissent
de plus en plus, tâtant le dispositif Verguet. Soudain, une
vive fusillade. Ce ne sont pas les hommes de Brandon, mais les bo-doïs
qui se ruent à l'assaut du bataillon. Pensant que les légionnaires
parachutistes sont en train de se replier, ils prennent peu de précautions.
Une erreur qui est fatale à bon nombre d'entre eux. Un calme
trompeur, ponctué de coups de feu isolés tombe sur
la montagne. Mais on est toujours sans nouvelles de la 2e compagnie.
Ils arrivent ! » crie un guetteur. Effectivement, une colonne
de légionnaires débouche sur le Pu-Ya-Tao. Brandon
est en tête de ses hommes. Il n'y a qu'à voir l'état
des légionnaires pour se douter de quel enfer ils reviennent.
Les treillis sont en loques, tous ont les bras, les jambes, le visage
ensanglantés par les herbes coupantes et les branches épineuses.
Harassés, les légionnaires s'abattent sur le sol pour
un court moment de répit.. Brandon explique qu'au moment
où il faisait décrocher sa section vietnamienne une
nuée de Viets s'est ruée sur eux pour couper la compagnie
du gros du bataillon. Les vietnamiens se sont affolés, laissant
la maîtrise de la piste aux Viets, ce qui leur a permis d'empêcher
les sections de monter sur le Pu-Ya-Tao. Beaucoup de légionnaires
ont préféré basculer dans la jungle, par petits
groupes ou individuellement.
L'exploit
du sergent-chef Grimault |
Grimault est de ces sous-officiers dont on a l'impression qu'ils
ont toujours fait partie
du cirque », écrit Pierre Sergent
pourtant , il est jeune et n'a pas encore dix ans de service quand
il signe son exploit du Pu-Ya-Tao. Mais sa légende est déjà
bien établie parmi les légionnaires parachutistes.
Engagé le 2 mars 1945, il termine la guerre dans les rangs
du RMLE. C'est en Indochine, à Huong-Diem, le 6 mai 1946,
que le jeune Grimault subit son baptême du feu. Pour son troisième
séjour en Extrême-Orient, Grimault décide de
se faire breveter parachutiste. Affecté au ler BEP, il est
de tous les coups durs du bataillon : plaine des Jarres, Laos, Centre-Annam,
jusqu'à ce 14 décembre, où il est seul au milieu
des Viets. Isolé au milieu des morts et des agonisants, entouré
par les Viets, il lui faut rapidement quitter les lieux s'il ne
veut pas être exécuté. S'étant éloigné,
il s'emploie à modifier sa tenue, sa petite taille lui permettant
d'obtenir une très convenable silhouette de bo-dols dans
l'obscurité. II compte se faufiler entre les unités
viets pour rejoindre Diên Biên Phu à la faveur
de la nuit. Il s'approche très discrètement d'une
formation qui s'apprête à faire mouvement.
A peine les bo-doi"s se sont-ils mis en marche qu'il emboîte
le pas à distance respectueuse. Déjà une autre
unité s'approche. Jouant habilement des distances, Grimault
marche de concert avec les Viets. Ceux de tête le prenant
pour le premier de la colonne suivante et les autres inversement
pour un traînard de la colonne précédente. Le
silence absolu dont font preuve les bo-doïs facilite grandement
les choses. Le sergent-chef s'arrête en même temps que
les autres, relayant le geste du Viet qui le précède.
Après des heures de tension insoutenable, il arrive enfin
dans la cuvette, choisit un embranchement de boyau pour fausser
compagnie aux Viets et rejoint le ler BEP où on le croyait
mort. Le sergent-chef Grimault sera tué au cours de la bataille.
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Finalement,
les Viets, copieusement arrosés de napalm lâchent prise.
Un Dakota parachute un complément de munitions, tandis que
des hélicoptères évacuent les blessés
sur l'antenne chirurgicale du commandant Grauwin. A 18h30, les Viets
rompent le contact. Le commandant Guiraud fait le décompte
des pertes : 28 morts et disparus, 24 blessés graves, des
armes endommagées, des postes radio détruits... A
lui seul, Brandon totalise une quarantaine de pertes ! A 20 heures,
le 5e Bawouans décroche. Après avoir brûlé
les parachutes de ravitaillement, le ler BEP décroche à
son tour. Le 15 décembre, les derniers éléments
du GAP 2 sont à l'abri dans le camp retranché. La
reconnaissance en profondeur s'est soldée par un échec.
La preuve est faite qu'il n'est pas possible de maintenir des troupes
régulières au sein du dispositif vietminh.
Le même jour, sur le terrain d'atterrissage remis en état
par des équipes spécialisées du Génie-Légion
renforcées par les légionnaires et les paras, se posent
les premiers éléments du G.M9, pricipalement composé
par les 1er et 3ème bataillon de la 13ème Demi-Brigade
de Légion Etrangère .
Dix jours plus tard, alors que le ler BEP est envoyé a la
frontière du Laos pour assurer la liaison avec un groupement
mobile venu du Haut-Mékong ,vallée de la Nam-Ou (opération
Régates), un nouveau bataillon rallie le camp retranché
: c'est le 3/3ème Regiment Etranger d'Infanterie , destiné
à étoffer la garnison d'Isabelle, un point d'appui
indépendant, «établi à six kilomètres
autour d'une batterie d'artillerie qui doit appuyer au plus près
les collines du réduit central ». Pour son appui direct,
le centre de Diên Biên Phu dispose en effet de 10 chars
moyens "Chaffee", qui ont étémontés
en un temps record par la CRALE.
Dès les premiers jours de janvier 1954, le 1/2ème
Etanger d'infanterie se pose à Diên Biên Phu.
Il entame aussitôt Ia construction du PA Huguette dont la
mission consiste a couvrir, face à l'ouest, la piste d'atterrissage.
Il est rejoint dans le courant du mois par des éléments
du 2/3e REI et par la CCS du 3e Etranger. A la fin du mois de janvier,
si l'on compte aussi Ies trois compagnies de mortiers lourds du
1er BEP, du 2ème, du 5e REI,
l'effectif
légionnaire présent à Dien-Bien Phu avoisine
les 4000 hommes, soit le tiers de l'effectif engagé en Extrême-Orient.
Au début de l'année 1954, lors des reconnaissances
vers le sud et le Laos, le scénario est identique a celui
de l'opération Pollux. Le lieutenant Nomura du ler BEP se
souvient de la sortie du 12 janvier vres Isabelle qui a déjà
été harcelée par l'artillerie vers le sud :
« Départ de nuit à 4 heures afin d'être
en place au lever du jour après avoir suivi la piste dite
du "bulldozer". Le mouvement est effectué par le
5eBPVN et le 1er BEP aux ordres du capitaine Vieules, ce jour là
. Ce groupement est commandé par le chef de bataillon de
Seguin-Pazzis.
A 13h30, la 3e compagnie atteint Ban-Huoî--Phüc , abandonné
comme les autres villages. Le lieutenant Brandon avance dans une
échancrure de la végétation , la boussole dans
la main gauche pour faire le point. Une balle fait sauter la boussole,
blesse Brandon à la main, endommageant son alliance.
Les
Viets ouvrent un feu nourri et blessent le légionnaire Brack
de la première section.
R apidement dévoilé, le dispositif VM paraît
constitué d'un élément assez léger dans
la rizière, à petite distance, appuyé par ce
qui doit être une grosse compagnie tapie sur les flancs de
la colline située à 400 mètres et plus de nous.
Les 57 SR s'occupent aussitôt de cet objectif éloigné,
tandis que 3e compagnie fonce avec la « 2 » pour nettoyer
la rizière.
La
« 4 » se tient prête à manoeuvrer par la
droite où l'on décèle quelques mouvements.
Les Viets de la rizière sont submergés et laissent
armes et tués sur place. La section Bertrand récupère
quelques armes ... Le bilan de cette sortie se chiffre du côté
Viet par 16 tués, un prisonnier blessé, un FM, 4 PM,7
fusils, ainsi que des documents saisis ; du côté du
bataillon on compte 5 tués, dont le sous-lieutenant Nénert,
33 blessés, dont 5 officiers : Brandon, Luciani, Martin,
Roux, Thibout, et 2 sous-officiers : sergent-chef Lemaire et sergent
Lemahieu. »
I nexorablement l'étau se resserre. Déjà sur
les points d'appuis on perçoit le grouillement des régiments
viets autour des positions. Dès la sortie des chicanes, pratiquement,
l'accrochage est inévitable. Les reconnaissances offensives
vers les montagnes de l'est sont de plus en plus meurtrières.
Le capitaine Cabiro, est grièvement blessé lors de
la sortie du 5 mars qui a pour objectif la cote 781 :
Vers 10h30, nous dépassons la compagnie Verguet ui s'installe
en recueil, écrira plus tard le commandant Cabiro. La section
du lieutenant Bertrand en tête, nous atteignons vingt minutes
plus tard, sans encombre, le petit col qui surplombe d'une soixantaine
de mètres le piton boisé de 781 — rudement escarpé
le frère, surtout de face ! — un peu plus accessible
par la droite, mais très inquiétant, comme le silence
oppressant, palpable, qui nous entoure... Par la droite, encore
que nous soyons un jour impair, la Section du lieutenant Bertrand,
flanquée de celle du chef Sterlay, collant au plus près
des éclatements, commence à grimper le raidillon,
ils vont attaquer à mi-pente .
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