Les
jours suivants et jusqu'a la fin ,
la position tombera "toutes les nuits"...et
sera reprise "tous les matins" !
occasionant
a chaque fois des pertes importantes . Encore quelques jours a ce
rhytme , et le PA. Wiène ne compte plus qu'un effectif de
3 compagnies thaïs squelettiques, la section de légionnaires
du sous-lieutenant Planet, environ 80 tirailleurs du 7/7e RTA et
quelques sous-officiers blessés ou isolés.
Ce
même 1 er mai, à 21 heures, une terrible préparation
d'artillerie viet s'abat sur Isabelle. Les bo-doïs du régiment
57 se jettent sur les défenses ouest. Les mortiers tirent
des obus éclairants et l'aviation lâche des paquets
de lucioles pour éclairer le champ de bataille. Les B 26
appuient du mieux qu'ils peuvent les défenseurs d'Isabelle
en déversant du "napalm" et en larguant de terribles
bombes américaines "Hail-Leaflet" bourrées
de minuscules harpons aux pointes acérées.
Le dimanche 2 mai, à 2 heures du matin, le PA ouest est perdu.
A 4 heures, celui de l'est est submergé. La situation est
critique. Le colonel Lalande décide de contre-attaquer ;
le commandant Hel monte l'opération avec deux compagnies
du 3/3e REI : la 9e compagnie du lieutenant Rossini et la 10e compagnie
du capitaine Mazaud ; deux compagnies du 2/1er RTA : la 5e compagnie
du lieutenant Tymen et la 6e compagnie du capitaine Buchazeau, et
le peloton de chars du lieutenant Préaud.
A midi, toutes les positions sont reconquises ; les Viets comptent
environ une centaine de morts. Dans l'après-midi, les capitaines
Carré et Gendre, à la tête d'un détachement
de tirailleurs du 5/7e RTA, le capitaine Pigeon, du 2/1er RTA avec
la 7e compagnie du lieutenant Choulet partent pour une mission de
reconnaissance au sud d'Isabelle pour trouver une sortie possible
vers le Laos en suivant le cours de la Nam-Youn vers le sud. Ils
ne rencontreront aucune résistance et rentreront sans problème
à Isabelle.
Le lundi 3 mai, avec le soutien d'une artillerie qui tonne sans
arrêt, les assauts en rangs serrés se succèdent,
provoquant des pertes de plus en plus lourdes parmi les défenseurs
des PA ; les Viets s'infiltrent partout ; ils ne sont repoussés
qu'après de furieux corps à corps. Le refus de capituler
ou de se laisser anéantir est la seule alternative, le seul
choix qui reste aux survivants de pouvoir se dégager en direction
de la partie sud-sud-est de la cuvette de Muong-Nha, puis de là,
vers Ban-Tha-Mot, Muong-Heup, Muong-Ngoï et Ban-Tha-Khane,
avec une zone de recueil dans la région de Muong-Son.
Le mardi 4 mai, les Viets continuent leurs tirs de harcèlement.
Comme à la portion centrale, les pluies torrentielles détrempent
l'ensemble des positions. Sans répit, les légionnaires
mènent des attaques contre les tranchées, surtout
sur la face ouest du CR. Le mercredi 5 mai, la pluie ne cesse de
tomber, favorisant les attaques ininterrompues des Viets qui éprouvent
fortement les défenses . Les effectifs diminuent rapidement
et les rescapés luttent sans espoir.
Le vendredi 7 mai, dans l'après-midi, l'artillerie des deux
camps se tait. Les bo-doïs sont imbriqués aux survivants
français. Au PC GONO, on se prépare a l'inéluctable.
Bigeard et Langlais envisagent la possibilité d'une sortie
vers le sud, c'est à dire vers Isabelle qui tient toujours
. Mais les hommes sont vidés chances sont faibles. Vers midi,
l'observation , profitant d'une accalmie, décèle l'occupation
de trois lignes de tranchées coupant la piste et le terrain
la séparant d'Isabelle.
C'est fini le piège s'est refermé !
Après un échange de messages radio, Cogny ordonne
à de Castries : Feu de toutes les armes sur les positions
ennemies, jusqu'à épuisement des munitions, destruction
des pièces d'artillerie, des appareils de transmissions,
des deux chars, et arrêt de toute activité à
17h30. Attendre dans la dignité l'arrivée des Vietminh.
». Et il ajoute
Pas de drapeaux blancs, ce que vous avez fait est
trop beau. Je répète, pas de drapeau blanc
A 18 heures, l'ennemi déboule de partout des tranchées,
dans les positions bouleversées les sapes, les antennes médicales
et les hopitaux souterrains , sans réaction de la part de
nos unités .Surpris, les Viets se méfient, mais continuent
leur progression. Ils comprennent en voyant les hommes sans armes,
qui ont rassemblé leurs maigres paquetages . Dans une immense
clameur, les bo-doïs submergent Diên Biên Phu ;
bientôt, l'emblème vlet flotte sur Eliane.

Mais Isabelle n'est pas encore tombé et résiste toujours
désespérément. A 17H00, Lalande a reçu
le message de Cogny lui demandant ce qu'il envisage pour la nuit
à venir. A Isabelle, on n'apprendra Ia chute du camp retranché
qu'à 18 heures. Une demi-heure plus tard, l'artillerie viet
se déchaîne sur Isabelle et des tirs très violents
font sauter les dépôts de munition ,coupent les lignes
téléphoniques et mettent le feu à l'antenne
chirurgicale. La radio vietminh émet sur la longueur d'onde
du centre de résistance, pour conseiller aux défenseurs
de se rendre, le reste de la garnison ayant été capturé.
"Le Chant des Partisans" fait grincer des dents ceux qui
connaissent le rôle du parti communiste français dans
la tragédie indochinoise. Toutefois, le drapeau français
flotte toujours sur Isabelle et le colonel Lalande peut encore tenter
une sortie.
A 19 heures, il fait le point de la situation avec le commandant
Hel et les commandants de bataillons et les commandants d'unités
valides pour déterminer la tactique à adopter pour
tenter de s'échapper vers le sud et rejoindre la colonne
Crèvecoeur qui doit arriver du Laos. L'armement et le matériel
sensible sont détruits ainsi que les codes et les archives.
Les hommes conservent les armes collectives et individuelles dotées
de deux unités de feu. Le reste est abandonné. Le
coeur serré, il faut abandonner les blessés graves
à la garde des médecins : le capitaine Calvet et les
lieutenants Pons, Rezillot et Algne, et de leurs infirmiers. L'antenne
chirurgicale compte Mors 62 blessés couchés et une
centaine qui peu-vent tout juste s'asseoir. Le lieutenant Wiène
abandonne Isabelle 5 qu'il a tenu jusqu'à la dernière
minute et rejoint le gros de la garnison. Puis le colonel Lalande
donne son ordre de progression ; la garnison sera scindée
en trois groupements :
Sous les ordres du commandant Hel, le premier groupe comprend la
12e compagnie du 3/3e REI du capitaine Michaud avec, comme éclaireurs,
les rescapés des compagnies thaïs du lieutenant Wiène.
Le deuxième groupe, commandé par le chef de bataillon
Grand d'Esnon suit avec la 11e compagnie du 3/3e REI, Préaud
et ses chasseurs, et les tirailleurs des 2/1 er RTA et 5/7e RTA.
Le colonel Lalande quitte Isabelle le dernier à la tête
d'un groupe constitué des 9e et 10e compagnies du 3/3e REI
et des artilleurs du 3/10e RAC.
A 20 heures, guidé par les Thaïs, le premier groupe
tente de s'évader par la rive droite de la Nam-Youn en suivant
ses méandres. Les liaisons radio sont difficiles et il est
impossible de suivre sa progression. Seuls les accrochages permettent
de dire qu'il est tombé dans des embuscades. Le commandant
Grand d'Esnon suit un itinéraire entre la piste et la rive
gauche de la rivière. Vers 21 heures, n'ayant rencontré
aucune résistance, on peut penser qu'il a réussi.
Soudain, on perçoit au sud, les bruits de furieux combats
; le TD 57 bloque la Nam-Youn avec un bataillon sur chaque rive.
Un troisième bataillon verrouille le confluent de la Nam-Youn
et de la Nam-Noua.
Aux
prix de nouvelles pertes, légionnaires et tirailleurs tentent
de forcer le passage. Mais ils échouent devant la supériorité
numérique des bo-doïs. Sans nouvelle de ses unités,
le colonel Lalande les rappelle alors au centre de résistance.
La confusion est totale, les hommes se replient en hâte, s'empêtrent
dans les barbelés, mais parviennent à rentrer dans
le périmètre de défense. Lalande décide
alors de résister sur place jusqu'à la fin.
C'est Camerone !

Les
Viets sont à moins d'une centaine de mètres des positions
et attendent. Ce face à face dure jusqu'à une heure
du matin le 8 mai. Un petit groupe de soldats ennemis parlant français
demandent à rencontrer le colonel Lalande pour lui signifier
que toute résistance est désormais inutile. Plutôt
que de risquer un massacre qui n'aurait aucune raison militaire,
le colonel accepte de se rendre. A 01 h50, les Viets reviennent
en force, investissent la position et capturent les survivants.
Le colonel Lalande, les commandants Hel et Grand d'Esnon, ainsi
que les officiers valides du 3/3e REI sortent du PC, képi
de la Légion sur la tête, sans armes, prêts pour
la longue marche qui les mènera au camp n° 41.
A 12 000 kilomètres des lieux du désastre, à
Sidi Bel Abbès, les jeunes légionnaires du 1er Etranger
ont été rassemblés sur la place d'armes, de
part et d'autre de la voie sacrée dominée par le monument
aux morts. D'une voix qu'il veut ferme, mais qui trahit son émotion,
le colonel Gardy lit un communiqué d'une brièveté
tragique :
Diên
Biên Phu vient de tomber. Nous sommes réunis pour
rendre hommage au sacrifice de ceux qui sont tombés au
cours de cette lutte épique. |
Nous allons présenter les armes aux drapeaux qui ont disparu
dans la bataille. »
Un silence. Puis, plus forte, la voix s'élève, appelant
comme au rapport :
« Les 1 er et 3e bataillons de la 13e DBLE ; le 3e bataillon
du 3e REI, le 1er bataillon du 2e REI, les 1 er et 2e bataillons
étrangers de parachutistes ... Un silence encore.
Puis retentit la sonnerie Aux Morts.

L'histoire
a oublié le sacrifice des Légionnaires
Dans
une société égoïste entièrement
tournée vers elle-même .
Le
sacrifice de ces Etrangers , Français par le sang versé
, et non par le sang reçu s'est dilué dans le temps
.
"Morts
pour une chose morte"
  

Legio
Patria Nostra
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Majorum
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Remerciements
a Pierre Dufour pour son livre La Légion en Indochine
Editions
Lavauzelle
et
au journal

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