Le 2ème BEP reçoit l'ordre de
protéger le col de Kem et s'installe sur la cote 202. Le
18, 4 bataillons montent à l'assaut du piton 4 qui contrôle
la route. Les assaillants sont si nombreux que tous les bataillons
sont durement accrochés et ne peuvent soutenir le 1er BEP
qui mène l'attaque principale. Il perd 15 tués, 2
disparus et 48 blessés sans pouvoir déboucher. L'objectif
est pris le 20 par le 7" BPC. L'ouverture de la route se poursuit.
Le 24 en début d'après-midi, le 1" BEP est engagé
dans un violent combat rapproché et inflige de lourdes pertes
à l'adversaire. Les communications avec Hoa Binh sont finalement
réouvertes.
Les chars Chaffee apportent un soutien considérable aux opérations
contre un ennen dépourvu de blindés et presque sans
moyens antichars.
Il est cependant impossible de rétablir liaisons terrestres
entre le delta et le pays Thaï. Les lignes de communication
ennemies avec l'Annam ont été redéployées
vers l'ouest et Giap profite de l'engagement de quelque uns des
meilleurs bataillons français autour d'Hoa Binh pour infiltrer
ses forces dans le delta. Le nouveau commandant en chef, le général
Salan, décide donc d'évacuer la zone dans le plus
grand secret. L'opération commence le 22 février au
soir après l'évacuation du matériel lourd par
les chalands de la marine. Les légionnaires traversent la
rivière Noire après avoir mis un point d'honneur à
évacuer également les 5000 habitants récemment
réinstallés dans la ville. Tenant les hauteurs, les
Viets se rendent vite compte de la situation et talonnent les troupes
françaises. Les légionnaires du 2e BEP et leurs camarades
de la 13 décrochent en perroquet, chaque bataillon assurant
l'arrière-garde à tour de rôle. Le 24 vers 16
heures, le BEP est coupé en deux par une puissante attaque
ennemie. II faut une violente contre-attaque de la compagnie du
capitaine Saint-Marc appuyée par quelques Chaffee pour permettre
le passage du reste du BEP et des légionnaires de la 13"
DBLE. Ces derniers ont perdu 17 tués, 56 blessés et
20 disparus en protégeant la retraite.
Opération
« Lorraine ».
Au début du mois d'octobre, Giap fait de nouveau porter son
effort sur le pays Thaï. Nghia Lo tombe le 17, les postes entre
le fleuve Rouge et la rivière Noire sont balayés.
Le III/ 3e REI et deux autres bataillons sont acheminés par
voie aérienne au poste de Na San.
Situé dans une cuvette de 5 kilomètres sur 2, sur
la route reliant Laï Chau au nord Annam, il se trouve isolé
dans une Haute et Moyenne région désormais aux mains
du Viêt-Minh. Salan décide de couper ses voies de ravitaillement
entre la Chine au fleuve Rouge. Les deux BEP, le 3e BPC et des éléments
de soutien sont largués sur Phu Doan le 9 novembre 1952.
4 GM, deux sous-groupements blindés et 1 Dinassaut en provenance
de Vietri rejoignent les parachutistes.
Giap
a donné des consignes strictes et ses hommes refusent le
combat. Le 1er BEP découvre de gigantesques dépôts.
Un matériel considérable est pris ou détruit.
Des unités poussent des pointes jusqu'à Phu Hien,
à 60 kilomètres au nord de Phu Doang, dans l'espoir
de provoquer le retour des unités engagées dans l'offensive
du pays thaï. Le 2ème BEP atteint sans opposition la
principale voie de ravitaillement adverse à PhucYên,
le 14 novembre.
Le même jour, les premiers accrochages ont lieu plus au sud
et le décrochage vers le Delta commence. Le 17 vers 9 h 30,
le régiment 36 de la division 308 tend une embuscade au GM4
en arrière-garde dans la vallée de Chang Nong. Le
II/2e REI et le reste du GM doivent combattre au corps à
corps. L'intervention de l'aviation permet de desserrer l'étau
ennemi et de contre-attaquer. Vers 15 heures 30, la colonne progresse
de nouveau après avoir perdu 56 tués, 133 disparus
et 125 blessés.
Na
San.
Le Viêt-Minh poursuit son effort et s'empare de Son La, de
Diên Biên Phu et de Luan Chau. Pu: il décide
de prendre Na San dont on sous-estime la garnison. Commandé
par le colonel Gilles, celle-ci compte désormais 2 bataillons
de tirailleurs; 2 bataillons vietnamiens ainsi que le III/3e REI
et le III/5e REI. 3 bataillons de parachutistes sont acheminés
pour mener des raids en profondeur : le BPC et les deux BEP.
Le
camp retranché est doté d'une première ligne
de défense constituée de 10 points d'appui, dont 7
extérieurs qui permettent la piste d'atterrissage, le PC
les 5 batteries de 105 hors de portée des mortiers ennemis.
La garnison est portée à 11 bataillons. Dans la nuit
du 30 novembre au 1er décembr deux positions extérieures
sont emportées, les 22 et 24. Aussit le 2" BEP envoie
une de ses compagnies renforcer le 2e bataillon Thaï sur point
d'appui 4, surplombé par le bis. Le lendemain, le 2e BEP
reprend et couvre le flanc du 3e BPC et doit batailler jusque dans
l'après-midi pour reprendre le point d'appui 24.
La
nuit suivante, l'attaque reprend de tous les côtés.
L'effort porte sur points d'appui 21 bis et 26 tenus par 1 bataillon
du 5e REI et un du 3e REI. Les légionnaires tiennent leurs
positions partout mais sur le 21 bis, situé au sud-ouest
le III/5e REI supporte un assaut d'une rare violence. Les tirs d'arrêt
de l'artillerie sont dirigés au plus près des défenseurs
pour stopper les assaillants. Quand les parachutistes du 2'
BEP rejoignent leurs camarades du 5' REI le lendemain matin, près
de 300 cadavres jonchent les abords de leurs positions.
Au
total, cette attaque mal préparée coûte aux
assaillants 560 tués dénombrés contre 10 tués
et 24 blessés aux défenseurs. Les lucioles larguées
par les dakota ont éclairé le champ de bataille toute
la nuit, permettant des tirs ajustés. Par ailleurs, les fortifications
ont parfaitement résisté au bombardement d'une artillerie
composée uniquement de mortiers et de canons sans recul.
Les
semaines suivantes, les parachutistes mènent des reconnaissances
en profondeur autour de Na San où l'adversaire se fait discret.
Des bataillons sont alors redéployés dans des zones
plus sensibles. Le 26 janvier 1953, le 1e' BEP gagne Kontum sur
les plateau Moïs et quadrille la région d'An Khé.
Le bataillon du 5' REI part en avril pour rejoindre le centre Annam.
La
plaine des Jarres. En avril 1953, Giap se contente de fixer
la garnison de Na San et lance le gros de ses troupes vers le Laos.
Les divisions 308 et 312 chassent devant elles les garnisons de
Sam Neua et de Xieng Khouang. Avec la division 304 qui vient du
nord Annam, elles convergent vers la plaine des Jarres. Le 2"
BEP, le II/30 REI et le 3e BPC rejoignent le camp retranché
en formation dans cette zone. Luang Prabang est également
investie le 30
avril. L'aérotransport de
çes 10 bataillons permet à la capitale royale de résister.
Gêné par des problèmes de ravitaillement et
l'hostilité des populations locales, le Viêt-Minh entame
son repli à partir du 7 mai. Le 10, le 2' BEP part à
la reconquête de Xieng Khouang.
Il perd le capitaine Hamacek dans les
calcaires de Dong Dang mais le général Salan peut
faire son entrée dans la ville le 18. Puis les parachutistes
poursuivent leur action sur la RC7 en direction de Ban Ban. Le Laos
est sauvé presque sans combats.
Du 8 au 12 août, les 6 bataillons et le groupe d'artillerie
encore à Na San sont évacués par voie aérienne.
La phase décisive du conflit
Sur le terrain, les troupes françaises alternent des raids
puissants et des grandes opérations combinées. Il
s'agit de profiter d'une mobilité supérieure apportée
par les moyens aériens, navals et motorisés à
leur disposition.
Le 28 juillet, l'opération Camargue débute en Centre-Annam.
L'objectif est la destruction du régiment 95. Une dizaine
de bataillons et les engins amphibies du REC semblent un moment
réussir à encercler un ennemi qui finit par se dérober.
En septembre, Giap décide d'infiltrer les divisions 304 et
320 dans le delta, puis de lancer une attaque avec le soutien des
divisions 308 et 315. Au même moment, d'autres offensives
sont prévues au nord du Laos et au Sud-Annam.
Dans
le delta, les unités françaises quittent la protection
de la ligne de Lattre pour couper les lignes de ravitaillement Viêt-Minh.
Elles se retranchent une vingtaine de kilomètres à
l'ouest de Ninh Binh. La division 320 se trouve dans l'obligation
d'intervenir. La première attaque se produit dans la nuit
du 18 au 19 octobre 1953. Le 111/13' DBLE perd 15 tués et
26 blessés mais conserve ses positions. Dans la nuit du 22
au 23, le I/5' REI perd à son tour 5 tués et 25 blessés.
Le 28, le II/ 13' DBLE repousse l'ennemi au prix de 11 tués
et 34 blessés. Le 2 novembre, les Viets tentent un dernier
et vain effort contre les positions tenues par les légionnaires
du 5" REI. La division 320 sort très affaiblie de
cette série de combats avec plus de 4 000 hommes hors de
combat. L'opération Mouetteest un succès et les
unités françaises regagnent le delta.
Premières
opérations à Diên Biên Phu.
Le 20 novembre 1953, alors que la division 316 commence à
faire mouvement vers le Laos, le 6e BPC et le 2e bataillon du 11
RCP prennent Diên Biên Phû, le 1" BPC les
suit peu après. Le 1er BEP arrive le lendemain matin, accompagné
d'une toute nouvelle unité de la Légion étrangère
créée pour l'opération : la 1" Compagnie
Etrangère Parachutiste de Mortiers Lourds . Ses 8 tubes de
120 mm doivent fournir un appui feu supplémentaire aux parachutistes.
Le 22 novembre, les 6 bataillons du groupement opérationnel
du général Gilles sont sur place, soit au total:
1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-14-15-16
|